Sur les hauteurs de Gammarth, une villa symbolise désormais la révolution. Habitée par un des caciques de l’ancienne «famille régnante», cette villa a été méthodiquement détruite par une foule en colère, dès les premières heures de la révolution.
Ensuite, ce sont les artistes qui sont intervenus sur cette friche citoyenne pour la recouvrir de tags et de graffitis. Celui qui fait quelques pas dans cette maison, désormais, ouverte aux quatre vents ressent un drôle de sentiment.
En effet, c’est un peu entre colère et rédemption que cette villa navigue. D’une part, la destruction est massive. Et d’autre part, l’intervention artistique est éloquente.
Bien sûr, quelques tags orduriers se sont ensuite glissés dans cet espace ouvert. Mais ils sont minoritaires et constituent eux-aussi l’expression d’une catharsis.
Bref, cette villa est devenue, aujourd’hui, l’un des symboles de la révolution. On la visite, des journalistes lui consacrent des reportages, des psys étudient ses graffitis et plusieurs voix demandent à ce qu’elle soit préservée comme un musée révolutionnaire.
En fait, cette villa risque d’être tout simplement rasée, si personne ne la défend comme espace symbolique de la révolution du 14 Janvier.
Toutes les œuvres d’art brut qui en peuplent les murs risquent de disparaître. Et ces expressions éphémères, comme celles de La Kasbah en 2011, pourraient être radicalement effacées par une démolition programmée.
En fait, il me semble que cette villa mérite d’être sauvée, car elle témoigne d’une ferveur et d’une ardeur inégalées. On pourrait même la déconstruire et la reconstruire ailleurs pour sauver les œuvres et les voix qui s’y sont exprimées.
Pour l’instant, la villa subit des assauts d’un autre genre avec une petite délinquance qui se développe dans des murs. Et il est temps d’y mettre bon ordre afin de sauver de la démolition un espace qui témoigne des frémissements qui s’est emparé de tout un peuple en janvier 2011.
Voici un reportage photo qui vous montre les multiples facettes de cette Maison de la Révolution. Sachez aussi que deux autres villas sont dans ce cas à Gammarth et Hammamet.
Verrons-nous la naissance d’un collectif pour sauver cette œuvre d’art d’un genre nouveau et lui offrir un nouveau destin ? Je l’espère vivement car, en perdant cette référence, c’est aussi un peu de notre élan que nous perdons…