Hier, le 11 avril, le web tunisien s’est rĂ©veillĂ© sur une nouvelle effrayante : « Le gouvernement de Jebali va confier la sĂ©curisation du Net aux experts du ministère de l’IntĂ©rieur ». C’est au site THD.tn que revient la primeur d’indiquer que selon le programme du gouvernement, dans sa version en ligne, on dĂ©couvre, d’une part, que Jebali n’ a pas l’intention de dĂ©manteler « l’Agence Tunisienne d’Internet, elle sera restructurĂ©e » et d’autre part, il annonce « la formation de comitĂ©s d’experts et de spĂ©cialistes en tĂ©lĂ©communication sur la Toile afin de mettre en place un système de sĂ©curisation de l’Internet tunisien ».
Plusieurs sur le web ont criĂ© au retour Ă la censure et que «ce gouvernement veut traquer notre activitĂ© sur le net et restreindre notre libertĂ© d’accès Ă l’information sous prĂ©texte de sĂ©curisation» ou «Après #Ammar404 bienvenu Ă #Le7ya404», peut-on lire dans certains commentaires sous l’article de THD. Toutefois, d’autres, une minoritĂ©, nous ont assurĂ© qu’il s’agit d’une mesure de sĂ©curitĂ© pour Ă©viter la cybercriminalitĂ©, qu’il ne fallait pas s’affoler vu que chez les pays les plus dĂ©mocrates et libres, on y trouve les mĂŞmes stratĂ©gies. Et que le gouvernement communiquera sur ce sujet pour dissiper toutes confusions sur le retour de la censure…
Ce soir, 12 avril, sur la Tv nationale, le ministre des droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, a voulu nous rassurer. Selon lui, Ammar 404 a dĂ©missionnĂ© et ce programme vise Ă sĂ©curiser l’internet en Tunisie contre toute forme d’attaque « criminelle ». Il ajoute ensuite : « Il s’agit seulement de surveiller les informations qui circulent pour empĂŞcher la propagation des campagnes de diffamation et autres dangers virtuels », tĂ©moigne l’enregistrement des dĂ©clarations de Dilou sur le site de mosaĂŻque FM.
« … pour empĂŞcher la propagation des campagnes de diffamation » ou pour empĂŞcher la diffusion des informations qui peuvent nuire Ă la souverainetĂ©, provisoire, de la troĂŻka ? Rappelons, dans ce sens, que la manifestation du 8 mars dernier devant l’assemblĂ©e, au Bardo, soutenue par des milliers d’hommes et femmes « venus cĂ©lĂ©brer la journĂ©e internationale de la femme et crier leur colère pour l’outrage qui a Ă©tĂ© fait au drapeau national, la veille, Ă la facultĂ© de la Manouba », n’a reçu aucune couverture mĂ©diatique de la part de l’établissement de la tĂ©lĂ©vision nationale. Pourtant, plusieurs mĂ©dias et journalistes, y compris ceux de la TV Nat Ă©taient prĂ©sents !
Contourner la censure des pages est un jeu Ă la portĂ©e de tout le monde, et ce, depuis l’ère de Ben Ali, mais traquer, identifier et contrĂ´ler des groupes influents sur le web tunisien est le nouvel enjeu Ă maĂ®triser pour s’assurer un avenir numĂ©riquement muselĂ© !

