Nouvellement intronisé, le ministre de l’Intérieur, Lotfi Ben Jeddou qui avait promis de se saisir personnellement des dossiers chauds comme l’enquête sur l’assassinat de Chokri Belaid, n’a pas perdu de temps en annonçant, dès hier, lors de la séance plénière de l’Assemblée Constituante, la création d’une brigade spécialisée dans la lutte contre le cyber crime.
Il a même donné un nom à cette brigade puisqu’elle serait baptisée « Agence Technique des Communications » et aurait pour mission d’enquêter sur les crimes commis sur le web et de lutter contre les dépassements enregistrés.
Décidément, les ministres qui se succèdent à l’Intérieur, ont les mêmes réflexes. Il y a un an, cette idée avait déjà été abordée par l’ancien Premier ministre Hamadi Jebali qui avait annoncé la formation de comités d’experts et de spécialistes en télécommunication sur la Toile afin de mettre en place un système de sécurisation de l’Internet tunisien, le tout chapeauté par des experts du ministère de l’Intérieur.
Jebali avait, en outre, annoncé que l’Agence Tunisienne d’Internet ne serait pas démantelée mais restructurée sachant que l’ATI avait abandonné sa mission première qui était la sienne sous Ben Ali, à savoir le filtrage du web tunisien. Il fallait donc un remplaçant qui aurait la capacité et les moyens pour «supplanter» une ATI réfractaire et plus soucieuse de s’occuper d’internet que de surveillance.
En avril 2012, l’annonce de cette brigade d’experts destinés à la surveillance du web avait provoqué un tollé craignant un retour à la censure sous prétexte de sécurisation, ce qui avait poussé le ministre des Droits de l’homme et de la Justice transitionnelle, Samir Dilou, à déclarer que Ammar 404 ne reviendrait et à préciser que ce programme ne vise qu’à sécuriser l’internet en Tunisie contre toute forme d’attaque «criminelle» et afin d’empêcher la propagation des campagnes de diffamation et autres dangers virtuels.