TRIBUNE – Surgi de nulle part, il est rentré dans le monde de la politique en inondant les médias locaux de spots publicitaires en faveur d’un parti bricolé dans des officines de communication outre manche… La suite on la connait, une raclée électorale et un seul député élu pour un budget de campagne strictement à l’inverse des sommes dépensées.
Cherchant à se repositionner après sa déconvenue postélectorale, il s’intéressa d’abord au prestigieux club de la capitale du sud à savoir le Club Sportif Sfaxien avant de jeter son dévolu sur le Club Africain un autre grand club tunisien, lui aussi, en grande souffrance au niveau financier…
Au terme d’une OPA éclair il réussit sans difficulté aucune à en devenir le Président, profitant au passage de l’impatience des supporters clubistes de voir leur club retrouver son aura sportive… La suite, on la connait aussi… Des résultats sportifs jamais enregistrés par le club avec une série de six défaites sur les sept derniers matchs, tous face aux concurrents historiques de ce club…
Pas plus loin que ce dernier dimanche, après avoir racheté, il y a quelques mois, la fréquence d’Attounissia TV, première chaine tunisienne de par l’audimat, il vient d’entreprendre un véritable un coup de force en arrêtant la diffusion des émissions de cette chaine, les remplaçant au passage par des films et autres clips musicaux.
Par ce passage en force, Slim Riahi en apprenti Berlusconi vient d’essayer, non sans saisir le ridicule absolu de sa démarche d’imiter El Cavaliere, de reproduire quasiment le schéma ayant porté ce dernier au plus sommet de l’Etat italien…
Toutefois le sieur Riahi semble oublier qu’indépendamment du côté affairiste empêtré jusqu’au coup dans des magouilles en tous genres, Silvio Berlusconi n’est pas venu à la politique tel un champignon né d’un soudain et violent orage mais d’un long parcours étalé sur des décennies et qui lui a permis à coups de gros chèques distribués généreusement à droite et à gauche de l’échiquier (ce qui est déplorable) de devenir un personnage incontournable de la vie politique italienne.
En effet que l’on aime ou que l’on déteste (ce qui est le cas de l’auteur de ses lignes), le Sieur Berlusconi possède de véritables talents de communicateur, d’entregent et un charisme incontestable. Certes l’Italie, un pays en déclin, s’est livrée à un homme pactisant sans aucune gène avec la droite fasciste, mais aux yeux de beaucoup d’Italiens (sûrement à tort) ce bâtisseur d’un empire financier ayant fait ses preuves et multiplié les réussites, pouvait être le sauveur suprême, chose que l’on pouvait comprendre dans une certaine limite vu la désespérance quasi générale des Italiens… Hélas pour ces derniers, la suite on ne la connait hélas que trop bien.
Pour ce qui est de monsieur Riahi, la seule chose qu’on connait à peu près de lui c’est qu’il «semble» être à la tête d’une grosse fortune, chose qui n’est pas pour certains, quantité négligeable mais cela le rend-t-il apte à batailler dans l’arène politique… Pas sûr du tout, surtout si l’on se réfère à son bilan tant sur le plan politique que dans le domaine sportifs… Des chèques, il semble en tirer sans compter mais côté retour sur investissement, le bilan est pour le moins peu probant.
A monsieur Riahi qui se rêve en Berlusconi, le talent et le flair politique en moins, je suis fortement tenté de dire, méditez bien l’exemple de ce dernier, condamné une énième fois et contraint à la sortie par la petite porte. La puissance du chéquier et la mainmise sur les médias lui ont certes permis de flouer une décennie et des poussières ses concitoyens, mais en règle générale, les histoires des milliardaires en politique et le mélange fric-argent (voir dans ce sens les cas Tapie et Mikhaïl Khodorkovski) finissent toujours mal… Prenez le temps d’y réfléchir avant qu’il ne soit trop tard…
Mehdi Ben Jemaâ