Nouveau coup de théâtre ! A l’issue de la réunion provoquée par le Front Populaire pour l’examen de son initiative consistant en la dissolution de l’Assemblée nationale Constituante et la démission du gouvernement, il a été annoncé dans un communiqué publié à cet effet, l’abandon de l’initiative qui avait pourtant d’énormes chances d’aboutir.
Les informations qui ont pu filtrer au cours de cette réunion qui s’est poursuivie jusqu’à une heure tardive, hier, faisaient état d’un soutien massif au projet proposé par le Front Populaire au point que certains médias ont déduit que l’opposition était favorable dans son unanimité à la mise en œuvre de cette initiative.
La remise en cause de l’initiative par Al Massar et Al Joumhouri a conduit à son avortement mais n’a pas empêché de critiquer le mouvement Ennahdha et ses partenaires au pouvoir, accusés d’être à l’origine des blocages et de la crise qui prévaut sur les plans politique, social et économique ni de fixer au 23 octobre 2013 l’ultimatum pour finaliser la constitution.
Les participants appellent à la constitution d’un gouvernement formé en exclusivité de compétences nationales et à l’organisation d’élections anticipées. Pour sa part, Hamma Hammami a exprimé le soutien du Front Populaire dont il est le porte-parole à l’action de Tamarrod Tunisie qui revendique la cessation des activités de l’ANC et des élections anticipées.
Ces prises de positions contradictoires où les avis changent diamétralement du jour au lendemain confirment la diversité des tendances au sein l’opposition et des alliances qu’elle forme. Rien n’est encore clair et tout peut basculer dans un sens comme dans l’autre.
Selon des observateurs avertis, le Front Populaire qui est tenté de jouer la carte du pragmatisme chaque fois qu’il entre en concertation avec des partis de la gauche modérée est, par ailleurs, sous la pression de ses militants de base qui le poussent à des positions extrêmes sans qu’il ait vraiment les moyens d’aller jusqu’au bout.
Quant à Nidaa Tounes, censé adopter des positions moins rigides, a appelé dès l’assassinat de Chokri Belaid à mettre fin à la légitimité de l’ANC au motif qu’elle a échoué dans sa mission et n’a pas été en mesure d’apporter des solutions efficaces aux problèmes posés. Seuls Al Massar et Al Joumhouri, qui chacun de son côté, œuvre en vue d’un rapprochement entre le Front Populaire et l’Union pour la Tunisie, sont restés fidèles à leur position de départ.
Pour ses deux partis, il est hors de question de mettre un terme à la légitimité de l’ANC pour ne pas exposer le pays aux dangers du vide institutionnel.