[dropcap]D[/dropcap]ans une interview accordée, ce lundi 22 décembre à l’hebdomadaire Tunis Hebdo, l’historien Abdeljelil Temimi fait un constat sur le nouveau paysage politique en Tunisie, analyse la « victoire de Beji Caid Essebsi » selon les sondages, celle de Nidaa Tounes aux élections législatives et dresse un bilan du président Marzouki.
« Ce n’est pas Beji Caid Essebsi qui fait peur, mais son entourage »
Abdeljelil Temimi considère d’abord que « les racines du RCD » sont présentes au sein de Nidaa Tounes et que « Beji Caid Essebsi est, lui-même, un destourien de souche. Ceci dit, il ne pourra pas revendiquer haut et fort cette identité pour son parti, car il y a d’autres sensibilités au sein de Nidaa Tounes » , affirme l’historien :
[quote_box_center] »Le plus important pour moi, est que Beji Caid Essebsi – quelles que soient ses motivations –
ne pourra plus faire revenir la dictature, car la société civile et l’opposition,
y compris Ennahdha, sont désormais fortes et conscientes… »[/quote_box_center]
Abdeljelil Temimi considère qu’aujourd’hui, « les projecteurs étant braqués sur la Tunisie, il n’y aura pas de place à la dérive », toutefois, il exprime quelques craintes :
[quote_box_center] »Cependant, ce qui me fait un peu peur, personnellement, ce n’est pas Beji Caid Essebsi, lui-même, mais les gens qui l’entourent, dont la majorité sont des arrivistes. « [/quote_box_center]
A propos de la victoire de Nidaa Tounes aux élections législatives, l’historien l’explique comme une conséquence aux erreurs commises par Ennahdha. [quote_box_right] »Ce sont les erreurs d’Ennahdha, durant ces trois dernières années, qui ont permis à Nidaa Tounes d’émerger […]. Les Tunisiens ont vu dans le parti de Beji Caid Essebsi un contre-pouvoir potentiel face à l’hégémonie nahdhaouie. »[/quote_box_right]
Temimi conseille Mustapha Kamel Nabli comme chef de gouvernement
Dans son analyse, Abdeljelil Temimi milite en faveur d’un chef de gouvernement doté de compétences d’économiste.
[pull_quote_center] »Vu la situation économique dégradée en Tunisie, j’espère que Beji Caid Essebsi nommera un économiste à la tête du prochain gouvernement. Autrement, ce gouvernement, inévitablement, va trébucher. Si vous voulez mon avis, Mustapha Kamel Nabli ferait un excellent chef de gouvernement […] Si Beji Caid Essebsi veut réussir, qu’il nomme Mustapha Kamel Nabli chef de gouvernement. »[/pull_quote_center]
Rappelons que M. Nabli, candidat aux présidentielles au premier tour du 26 novembre dernier, parmi 27 candidats, s’est retiré le 16 novembre de la course, critiquant la « présence en masse de l’argent avec des sommes importantes dépensées », lors de la campagne électorale.
Reproches à Moncef Marzouki
Le constat de l’historien quant aux trois années de la présidence de République par Moncef Marzouki est sans appel : « C’est un échec » affirme-t-il. Comme arguments, il explique son évaluation en deux points : « sa stature d’homme d’Etat qui n’a pas fait briller la diplomatie tunisienne et sa décision de rupture avec la Syrie », à laquelle il s’est opposé.
[quote_box_center] »Il est loin de la stature d’hommes d’Etat tels Habib Bourguiba ou Mongi Slim, qui ont fait briller la diplomatie tunisienne. »[/quote_box_center]
Pour M.Temimi, M. Marzouki n’a pas su choisir ses conseillers.