Tunis Hebdo | Quel serait le régime politique le plus approprié pour notre pays ? La question, bien que résolue par la Constitution, est revenue récemment à l’ordre du jour, après une phrase de Béji Caïd Essebsi, à propos de l’élargissement des prérogatives du Président de la République.
Voulait-il suggérer un retour au régime présidentiel (voire présidentialiste) de Bourguiba, ou, du moins instaurer un régime véritablement mixte (fifty fifty), entre présidentiel et parlementaire ?
Personnellement, si vous voulez mon avis (et même si vous ne le voulez pas), je m’en moque comme de la dernière de mes chaussettes. Qu’ils adoptent le régime qu’ils veulent ! Moi, ce qui m’intéresse c’est mon régime à moi. Tout le reste est bavardage.
Car la question qui me tourmente, ces jours-ci, est la suivante : quel régime suivre quand on a soixante ans, quelques kilos en plus et beaucoup de cheveux en moins ?
Je pose la question à un médecin, ami de longue date.
« Ce n’est pas compliqué, me répond-il. Je vais te prescrire un régime amaigrissant et, dans quelques semaines, tu m’en diras de ses nouvelles ». Et mon ami de se lancer dans une longue tirade parsemée d’interdits : pas de pain, pas de pâtes, pas de graisses, pas de gâteaux !
Quelques semaines plus tard, je reviens voir mon ami, avec pas un kilo en moins (ni un cheveu en plus, par ailleurs). Etonnement et déception du médecin : « Mais ce n’est pas possible ! Le régime que je t’ai prescrit a de quoi amincir une vache laitière, et toi, tu ne perds aucun kilo ! Il doit y avoir un problème quelque part, c’est certain ! ».
Je le rassure : « Non, il n’y a aucun problème ; la vérité est que je n’ai pas suivi ton régime ; il est trop frustrant, et moi, de par ma nature, je déteste les interdits ».
Furieux, mais non désespéré, mon ami décide alors de changer de thérapie : « Bon ! Puisque mon régime ne te plaît pas, nous allons opter pour une autre stratégie : tu vas, pendant un mois, faire les exercices physiques que je t’indiquerai, et le problème sera résolu ».
Jogging, exercices abdominaux, travail de musculation… Tout y passe, dans le grand discours qu’il me fait pour me convaincre des bienfaits du sport. J’acquiesce et promets d’obéir, avant de prendre congé de mon ami.
Lorsque, un mois plus tard, je pousse la porte de son cabinet, le ventre aussi gros (et les cheveux aussi rares, mais cela n’a rien à voir), l’ami médecin ne peut cacher son mécontentement : « Je n’ai pas besoin de te poser des questions. C’est bien visible : tu n’as pas suivi mes conseils, hein ? ».
Je balbutie un oui très discret, puis je prends mon courage à deux mains : « Mais est-ce que tu te rends compte ? Je te demande de m’alléger de quelques kilos et c’est à un régime militaire que tu me soumets. Eh bien, mon ami, moi et la marche au pas, ça fait deux, il faut que tu le saches ! ».
Voyant mon courroux, le médecin-ami essaie de me calmer puis me propose un régime sans sel. Essai non concluant et retour à la case départ au bout de deux ou trois mois. Mon ami me force alors à un régime plus sévère. Point de changement, non plus : son régime forcé me rend malade.
Quand pour la énième fois, je reviens le consulter, avec les mièvres résultats qu’il connaît d’avance, mon ami médecin est excédé : « Bon sang de bon sang ! J’ai essayé avec toi tous les régimes possibles et imaginables, et cela ne marche jamais. Je ne comprends vraiment pas… ».
« C’est pourtant très simple, lui dis-je alors ; essayez donc avec moi un régime démocratique et vous verrez que tout ira mieux ! ».
Adel LAHMAR