Une vente aux enchères de la récolte des dattes d’une ferme, celle de la société Stil à Jemna, dans le gouvernorat de Kébili a provoqué une vraie polémique. Un vol, une escroquerie, un hold-up, tous les termes ont été utilisés pour dénoncer ce qui s’est passé dimanche 9 octobre.
L’association de protection des oasis de Jemna chargée de la gestion du domaine depuis 2011 a organisé ce jour-là une vente aux enchères. La récolte a été vendue pour 1,7 million de dinars.
Or, la vente aux enchères a eu lieu malgré un jugement en référé rendu par le tribunal de première instance de Kébili (n° 2172 du 15 septembre 2016, rapporte l’agence TAP) sur la base d’un arrêté des domaines de l’Etat portant annulation de la première adjudication prévue le 18 septembre dernier.
Vol de biens publics
Le secrétariat d’Etat aux domaines de l’Etat et des affaires foncières relevant du ministère des Finances avait indiqué début septembre que la ferme « Henchir Moamer » exploitée par la société Stil après l’indépendance est la propriété de l’Etat, précisant que tout contrat conclu ou toute vente des produits de la ferme n’a pas de valeur légale.
Dans un communiqué, le secrétariat d’Etat précise aussi qu’il « s’est engagé depuis l’avènement du gouvernement d’union nationale et en application du document de Carthage, à la restitution à l’Etat de plusieurs fermes et autres propriétés publiques qui ont fait l’objet d’une mainmise illégale et a réussi à restituer des milliers d’hectares dans plusieurs régions, notamment à Medjez El-Bab et Testour (gouvernorat de Béja), ainsi que la ferme Tarfaya à Douz-Sud (gouvernorat de Kébili) ».
L’Etat tunisien continuera à accomplir son devoir de protection du domaine public en restituant les biens détournés aux dépens de la communauté nationale et engagera toutes les procédures légales civiles et administratives possibles à l’encontre des personnes qui ont acquis, géré ou cédé des biens publics sans titre légal valable, souligne encore le communiqué.
Soutien politique
En d’autres termes, les habitant de cette oasis ont décidé, de leur propre chef, de s’emparer de cette plantation de dattes, propriété de l’Etat, et de vendre aux enchères sa récolte, tout en empochant l’argent fruit de cette vente. Et malgré une décision de justice, cette vente a bien eu lieu et l’Etat a été volé au vu et au su de tout le monde et surtout avec le soutien de nombreuses personnalités.
En effet, plusieurs députés, dont Abdellatif Mekki (Ennahdha), Mohamed Ali Bedoui et Mahbouba Ben Dhifallah (élus d’Ennahdha à Kébili), Zouheir Maghzaoui (mouvement Echaab), Samia Abbou (Courant démocrate), Chafik Ayadi (Front populaire) et Brahim Ben Said ( CPR) ont fait le déplacement à Jemna pour soutenir les 12.000 habitants, qui comptent sur l’Association de défense des oasis de Jemna (proche de Ligues de la protection de la révolution, dissoutes) pour s’approprier la récolte.
Les membres de l’Association de défense des oasis de Jemna, une association illégale qui s’est appropriée ce domaine appartenant à l’Etat depuis janvier 2011, ont même menacé de représailles quiconque tenterait d’empêcher la vente aux enchères.
Affaire à suivre…