La situation des finances publiques est tellement difficile que l’Etat peine à boucler son budget. Alors qu’il est actuellement extrêmement dangereux de sortir sur les marchés internationaux, les banques nationales et la Banque Centrale de Tunisie ont carrément refusé de financer le budget de l’Etat. La Tunisie est à nouveau au cœur d’un crise économique étouffante, le risque de la faillite n’est plus un simple scénario à écarter !
Le ministre de l’Economie, des Finances et de l’Appui à l’investissement Ali Kooli, n’est pas allé par quatre chemins pour affirmer que la situation est extrêmement difficile. Rappelant que la Tunisie faisait déjà, depuis le mois d’août dernier, face à un déficit budgétaire estimé à 11 milliards de dinars, il a affirmé qu’actuellement la situation a empiré.
« La Tunisie est appelée à mobiliser 3,5 milliards de dinars d’ici la fin de 2020 pour faire face à ce déficit budgétaire qui atteindra selon nos estimations 14 milliards de dinars durant cette année », a-t-il expliqué sur les ondes d’Express FM. Et d’ajouter que l’Etat doit assurer la somme de 4 milliards de dinars pour régler ses dettes auprès des banques locales d’ici deux mois.
Le ministre de l’Economie a rappelé le difficile contexte provoqué par la crise du coronavirus qui a entrainé selon ses dires une chute de 8 milliards de dinars des revenus fiscaux, ce qui représente 25% des revenus de l’Etat.
Il faut rappeler dans ce sens que la BCT a refusé de recourir au financement interne pour financer le déficit budgétaire de l’Etat. Selon la Banque Centrale de Tunisie (BCT), « le recours excessif au financement interne aura des répercussions négatives sur les équilibres économiques et sur le secteur bancaire qui participera aux efforts de mobilisation des ressources ».
« La souscription des banques à des émissions du trésor exercera une pression accrue sur leurs liquidités, d’où leur recours davantage au refinancement de la BCT », précise encore la banque des banques, dans un communiqué publié le 28 octobre, suite à la réunion, de son conseil d’administration.
Estimé seulement à 2,4 milliards de dinars, le financement interne du budget de l’Etat atteindra cette année 14,3 milliards de dinars. C’est en tout cas ce qui ressortait du projet de la loi de finances complémentaire 2020, qui avait été retiré.
La commission des finances, de la planification et du développement a officiellement appelé au retrait du projet de loi de finances rectificative pour l’année 2020, chose qui a été faite par le gouvernement. Le président de la commission, Haikel Mekki, avait déclaré que tous les membres de la commission étaient d’accord pour rejeter le projet de loi dans sa forme actuelle, notamment après l’audition du gouverneur de la Banque centrale, Marouane Abassi.
La crise économique et budgétaire est tellement profonde que Fayçal Derbel, député et rapporteur de la commission des Finances à l’Assemblée des Représentants du Peuple, a proposé de changer la monnaie nationale et de faire des descentes dans les entrepôts des contrebandiers.
Il a expliqué que le projet de loi de Finances pour l’exercice 2021 renferme un déficit budgétaire de 11 milliards de dinars. « Si on ne trouve pas les solutions pour assurer cette somme, on pourrait être dans l’incapacité de payer nos dettes et certaines dépenses », avait-il averti.
Selon un rapport du FMI, l’économie tunisienne, lourdement impactée par la pandémie, devrait se contracter de 7% en 2020, mais devrait se redresser en 2021 avec des prévisions de croissance estimées à 4%.
Le 1er octobre dernier, la Banque européenne pour la reconstruction et le développement (BERD) a publié, un rapport sur ses prévisions économiques concernant tous les pays où elle opère. A propos de la Tunisie, la BERD a révisé à la baisse ses prévisions et prédit une croissance économique qui devrait s’établir à –8% en 2020 en Tunisie, avant un retour à une croissance de 4% en 2021.