Le 2 mars 2020 marquait le début de l’expérience tunisienne avec la pandémie du coronavirus. Une expérience teintée de multiples échecs et alourdie par de graves conséquences observées à tous les niveaux.
Il y a exactement un an, l’ancien ministre de la Santé, Abdellatif Mekki, annonçait un premier cas confirmé de contamination du coronavirus. Il s’agissait d’un Tunisien, âgé d’une quarantaine d’années, de retour de l’Italie quelques jours plus tôt.
A l’époque, les responsables, bien préparés, multipliaient les décisions dans l’objectif de limiter la propagation du virus jusque là inconnu.
Un confinement général et des dizaines mesures sanitaires après, le pays se retrouve, aujourd’hui, avec 233.669 contaminations et 8022 décès, un bilan assez lourd et marqué par rapport aux pays de la région.
Coronavirus et économie
Au cours des neuf premiers mois de 2020, la pandémie avait déjà causé la mise de 10.035 travailleurs au chômage technique après la fermeture de 73 établissements. C’est ce que le ministère des Affaires sociales annonçait.
Sauf que les estimations de l’UTICA indiquaient qu’environ 200 mille Tunisiens se sont retrouvés au chômage à cause du Covid-19.
Parmi les secteurs sinistrés, le tourisme qui reste jusqu’à aujourd’hui au cœur d’une crise sans précédent à cause de la nette baisse des entrées touristiques.
Selon les indicateurs monétaires et financiers de la Banque Centrale de Tunisie (BCT), les recettes touristiques ont chuté de 64%, durant toute l’année 2020, à 2 milliards de dinars, contre 5,6 milliards de dinars, en 2019.
C’est dans ce contexte que Saber Tebini, secrétaire général de la Fédération des industries alimentaires, du tourisme, du commerce et de l’artisanat de l’UGTT, avait affirmé que les hôtels envisagent de licencier jusqu’à 6000 employés dans les prochains jours « sous prétexte de la crise ».
Vaccins anti-coronavirus… la Tunisie à la traine
Malgré son tableau noir et la découverte de vaccins « efficaces » contre l’épidémie, la Tunisie n’a pas été en mesure, à ce jour, de les obtenir. Un retard qui a déclenché, depuis des mois, une controverse d’autant plus que de nombreux pays voisins ont déjà lancé des opérations de vaccination pour tenter de freiner la propagation du virus.
Fausses promesses, dates inexactes, déclarations irresponsables.. on aura tout vu sans pour autant avoir accès au vaccin.
Le 14 février dernier, le ministre Faouzi Mahdi, qui supervisait une opération blanche de vaccination à Tunis, affirmait que les premières doses de vaccin, dans le cadre de l’Initiative Covax, arriveront à la mi-février.
On nous avait promis également qu’au cours du mois de mars, la Tunisie recevra près de 700 mille doses gratuites de vaccins contre le Coronavirus. Toujours rien.
Le représentant de l’Organisation Mondiale de la Santé (OMS) en Tunisie, Yves Souteyrand, confirmait que dans le cadre de l’initiative COVAX, 93.600 mille doses du vaccin anti-Covid, produit par le laboratoire Pfizer, seront reçues.
Ces doses permettront de vacciner 47 mille personnes parmi les catégories prioritaires dont essentiellement le personnel de la santé en attendant les 600 mille autres doses du vaccin produit par le laboratoire AstraZeneca, qui seront réceptionnées en ce mois de mars.
Tout ceci ne semble être que de l’encre sur du papier. Déception et amertume sont ancrées par le constat que des pays comme la Palestine ou la Syrie, déchirés par les conflits et les guerres, ont déjà reçu leurs premiers lots de vaccins.
Un an après avoir enregistré son premier cas de coronavirus, après avoir réussi à contrôler la première vague et donné l’exemple, la Tunisie vit au rythme d’un échec majeur dans la gestion de cette crise sanitaire qui ne sera certainement pas sans conséquences socioéconomiques dans la période à venir.