JCC 2021 - Des films à voir

JCC 2021 - Des films à voir
Culture
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Les Journées Cinématographiques de Carthage (JCC), l’événement culturel tunisien le plus attendu de l’année, commencent dans trois jours.

Il est évident que je ne connais pas tous les films de fiction qui sont programmés cette année aux JCC, mais j’en ai vu quelques-uns, en étant membre de la commission qui a sélectionné les longs et courts métrages de fiction tunisiens pour la compétition officielle des JCC et en participant à la 74ème édition du Festival de Cannes et la 5ème édition du Festival du Film d’El Gouna.

En compétition officielle, il faut absolument voir les trois films tunisiens, soit :

  • Insurrection de Jilani Saadi. Une caricature, à la fois très drôle et triste, de la Tunisie et des tunisiens. Personne n’est épargné et tous se reconnaitront !

Synopsis : Une nuit d’insurrection à Tunis. Une folie s’est emparée de la capitale Tunis et de sa ‎périphérie. Plus rien ne fonctionne et les rues sont livrées à la confrontation entre policiers ‎et manifestants.‎

  • Papillon d'or de Abdelhamid Bouchnak. Abdelhamid Bouchnak nous plonge dans son univers particulier et va partager avec nous ses sentiments et ses souffrances. Il prouve par ailleurs, son grand talent de réalisateur.

Synopsis: Moez, policier trentenaire au passé sanglant, rencontre un petit garçon avec qui il ‎entreprend un voyage fantastique...‎

Synopsis Ahmed, 18 ans, français d’origine algérienne, a grandi en banlieue parisienne. Sur les bancs ‎de la fac, il rencontre Farah, une jeune Tunisienne pleine d’énergie fraîchement débarquée ‎à Paris. Tout en découvrant un corpus de littérature arabe sensuelle et érotique dont il ne ‎soupçonnait pas l’existence, Ahmed tombe très amoureux de cette fille.

En compétition officielle également, il faut voir les deux films égyptiens :

  • Plumes/Feathers de Omar El Zohairy. Plumes a remporté 7 prix dans divers festivals dont deux au Festival de Cannes : le Grand Prix de la Semaine de la critique et le prix FIPRESCI de la Critique Internationale, section parallèle, et un au Festival du Film d’El Gouna : L’Etoile d’El Gouna du Meilleur film de fiction arabe. Lors de sa première en Egypte, ce film a été l’objet d’une très grande polémique, certains estimant qu’il porte atteinte à l’image de l’Egypte en montrant une extrême pauvreté qui n’existerait plus dans le pays. Plumes est un film très singulier, qu’on peut aimer ou détester. Mais il mérite d’être vu, pour l’univers particulier du réalisateur, et surtout sa façon très personnelle de s’exprimer.

Synopsis: Un tour de magie tourne mal pendant l’anniversaire du fils d’une mère passive. Le magicien transforme son mari autoritaire en poule. Elle n’a d’autre choix que d’assumer le rôle de cheffe de famille, tout en mettant tout en œuvre pour retrouver son mari. Luttant pour survivre avec ses enfants, elle devient peu à peu une femme indépendante et forte.

  •  Amira de Mohamed Diab. Sélectionné à la 78ème édition du Festival de Venise en septembre 2021, dans la section Horizons, Amira y a remporté trois prix : le Prix de la Lanterne magique, le Prix Interfilm et le Prix CICT-UNESCO "Enrico Fulchignoni ''. Amira est le 3eme film du réalisateur Mohamed Diab, après Les femmes du Bus 678 (2010) et Clash (2016) qui avait fait l’ouverture de la sélection Un certain regard au festival de Cannes. Bien que la réalisation soit classique et que la chute soit un peu précipitée et laisse un gout d’inachevé, c’est un beau film, qui nous donne un aperçu sur le calvaire que subissent les prisonniers palestiniens en Israël dans leurs relations familiales. Ali Sulaiman, dans le rôle du papa est sublime.

Synopsis : Le monde d’une fille palestinienne est bouleversé lorsqu’elle apprend que l’homme aux côtés duquel elle a grandi, n’est pas son vrai père.

Dans la section Cinéma du monde :

  • Titane de Julia Ducournau (France) Il ne faut bien sûr pas rater le film Titane, Palme d’Or du festival de Cannes 2021. C’est un film très particulier, qu’on peut aussi bien aimer ou détester. Mais il est dans l’air du temps je pense, puisque la question de genre se pose beaucoup dans le monde occidental. Ce film va d’ailleurs encore plus loin, il dépasse les débats sur les hommes et les femmes, et traite même des relations machines/humains et des êtres qui pourraient en naitre. J’explique dans cet article "Cannes 2021 – Pourquoi la Palme d’Or pour  Titane ?" les raisons pour lesquelles, à mon avis, ce film a remporté cette récompense.

Synopsis: Gravement blessée dans un accident de la route, Alexia, est sauvée par la pose d'un implant en titane dans son crâne. Souffrant d'un syndrome post-traumatique, elle est prise de pulsions meurtrières. Au même moment, Vincent, pompier, retrouve son fils disparu depuis 10 ans après son interpellation par les inspecteurs de la douane dans un aéroport. En réalité, il s'agit d'Alexia, qui a pris l'apparence d'un jeune homme afin d'échapper aux forces de l'ordre.

Titane est interdit en France aux moins de 16 ans. Il vaudrait mieux éviter d’y emmener vos jeunes adolescents.

  • L’évènement/Happening d’Audrey Diwan (France) Après avoir remporté le Lion d'Or et le Prix FIPRESCI de la critique au Festival de Venise, présenté au Festival International du Film de Saint Jean de Luz, L'évènement est également repartit avec le Grand Prix du Jury et le Prix de la critique. J’ai vu ce film au Festival du Film d’El Gouna et je l’ai adoré. Un film très fort et qui rappelle qu’il n’y a pas très longtemps, les femmes n’avaient pas le droit d’avorter et qu’elles devaient subir, seules, les conséquences des relations sexuelles qu’elles avaient. Et quelque part, ce film nous prévient que si on n’y prête pas garde, on pourrait se retrouver dans cette même situation, puisque ce droit à l’avortement et à disposer de son corps est en train d’être remis en cause dans plusieurs pays. Attention, des scènes difficiles, mais je vous conseille quand même d’y emmener vos filles, pour qu’elles voient et comprennent...

Synopsis : L’histoire d’Anne, très jeune femme qui décide d’avorter afin de finir ses études et d’échapper au destin social de sa famille prolétaire. L’histoire de la France en 1963, d’une société qui condamne le désir des femmes, et le sexe en général. Anne a peu de temps devant elle, les examens approchent, son ventre s’arrondit…

  • Julie (En 12 chapitres) de Joachim Trier (Norvège) En compétition officielle au Festival de Cannes, Julie (En 12 chapitres) a remporté le Prix de Meilleure interprétation féminine pour Renate Reinsve. Personnellement, je n’ai pas été très sensible à ce film, mais aussi bien à Cannes qu’à El Gouna, il a énormément touché le public.

Synopsis : Pendant 4 ans, Julie, une jeune femme, va naviguer dans les eaux troubles de sa vie sentimentale et chercher avec difficulté quelle carrière suivre, ce qui l’amène à jeter un regard réaliste sur qui elle est vraiment.

  • Nitram De Justin Kurzel (Australie) Inspiré de la tuerie de Port-Arthur en Tasmanie en 1996, qui avait fait 35 morts, ce film nous plonge dans la tête du tueur, magistralement interprété par Caleb Landry Jones (Prix de la meilleure interprétation masculine au Festival de Cannes 2021) et essaye de comprendre le comment et le pourquoi de cet acte meurtrier : un jeune déséquilibré et non suivi médicalement, des parents dépassés et non soutenus par des institutions et la vente libre des armes.

Synopsis : En Australie dans le milieu des années 90, Nitram vit chez ses parents, où le temps s’écoule entre solitude et frustration. Alors qu’il propose ses services comme jardinier, il rencontre Helen, une héritière marginale qui vit seule avec ses animaux. Ensemble, ils se construisent une vie à part.

JCC 2021 Affiche

Pour ceux qui ne les connaissent pas encore, il faut voir les deux films Les silences du Palais (1994) de Moufida Tlatli, à laquelle les JCC rendent hommage à travers l’affiche de cette édition et Les femmes du bus 678 (2010) de Mohamed Diab, invité du festival.

Il y a surement beaucoup d’autres beaux films dans la sélection de cette année. Il est impossible de les citer tous. Il y a aussi de nombreux films qui ont eu d’excellentes critiques, mais que je n’ai pas encore vus. J’espère les découvrir bientôt avec vous.

Vous trouverez le programme détaillé de toutes les projections par salles ici.

Bon festival !

Neïla Driss

 




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