Liberté de presse : Ce qui se joue à l'agence TAP

Liberté de presse : Ce qui se joue à l'agence TAP
Chroniques
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Ce qui se joue à l'agence Tap en ce moment ressemble à une tentative de passage en force d'Ennahdha et ses alliés circonstanciels. Avec pour objectif de prendre le contrôle de l'agence nationale d'information et cadenasser à partir de là ce qui pourrait l'être. Il s'agit selon toute apparence d'un coup de force islamiste endossé par le Chef du gouvernement. Si le passage en force réussit, ce sera du point de vue nahdhaoui un premier pas dans la reprise en mains du système public d'information qui comprend aussi des titres de la presse écrite et plusieurs médias audiovisuels. L'enjeu est de museler cette sphère qui s'est émancipée depuis une décennie et conquis une indépendance éditoriale de fait. La nomination de Kamel Ben Younes à la tête de la Tap dans des circonstances ambiguës a en effet valeur de test et annonce en filigrane une stratégie d'ingérence (musclée s'il le faut) du gouvernement dans le fonctionnement du quatrième pouvoir. Si la mobilisation des journalistes de la Tap, soutenus par les instances syndicales et de larges pans de l'opinion, s'avère payante, le gouvernement Méchichi risque d'en faire les frais étant donné sa fragilité intrinsèque et son alignement sur les desiderata islamistes. Ce qui se joue actuellement à la Tap est loin d'être anodin. Cette nouvelle péripétie a clairement valeur de test en vue d'une normalisation fût-elle progressive du secteur médiatique dont les islamistes d'Ennahdha savent qu'il leur échappe. La nomination en apparence inconsidérée de M. Ben Younes à la tête de l'Agence Tap semble peu lucide politiquement. Pourtant, elle pourrait être froidement calculée pour mettre le gouvernement Méchichi en grande difficulté et peut-être même provoquer sa chute annoncée. Cette nomination constitue par ailleurs un message musclé et sans ambiguïté à tous les journalistes. Par conséquent et de manière absolument mécanique, les journalistes de la Tap se retrouvent sur la ligne de front du combat pour la liberté de la presse face aux tentatives de mise au pas téléguidées par les islamistes d'Ennahdha et leurs alliés.



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