Hospitalité goulettoise : Amira, Gérald et la raclette multinationale

Hospitalité goulettoise : Amira, Gérald et la raclette multinationale
Chroniques
print



Il faut connaître le faste discret des intérieurs goulettois pour pleinement apprécier cette belle belle ville de la banlieue de Tunis.
Les demeures goulettoises, bâties au début du vingtième siècle, ont des volumes impressionnants et déclinent aussi la subtile majesté de la céramique d'ornement.
Comme Amira et Gérald, ils sont nombreux les Goulettois de toutes origines qui habitent ces villas patriciennes conçues pour la villégiature et repliées sur mille et un détails architecturaux.
Artistes, Amira et Gérald aiment rassembler des tablées d'amis et donner des couleurs interculturelles à ces rencontres où l'on parle persan, italien, tchadien, polonais ou wolof.
Quoi de mieux que fondues et raclettes pour inviter cette convivialité multinationale qui donne à la Goulette des accents de capitale artistique!
Réunis, les amis parlent d'art, réinventent le monde, se retrouvent par hasard après de longues années et se promettent de se revoir dès que possible.
Dans pareilles ambiances, on se rend vite compte que les murs érigés partout dans le monde sont forcément factices et ne demandent qu'à être abolis.
La Goulette, quelle belle histoire! Amira et Gérald, quelle belle hospitalité! Et tous les amis de la Tunisie-Monde, que la baraka plane au-dessus des têtes bien pleines et bien faites.
Certaines soirées entre amis vous laissent à la fois songeur et enthousiaste, pensif et lucide.
Songeur et pensif parce que la Tunisie par purges successives, s'est privée de ce qui faisait sa force interculturelle. Dans le temps, un seul coeur battant Tunisien et des âmes italiennes, françaises, maltaises, grecques, espagnoles, turques, algériennes. Tous différents mais dans un pays-monde. Ce n'est pas un hasard si les intégristes de tout poil haissent l'idée même de Méditerranée et préfèrent voir cette mer transformée en cimetière au lieu d'en rapprocher les points cardinaux.
Enthousiaste et lucide car, au fond, il ne tient qu'à nous de ressusciter cette mosaique tunisienne et sortir des pièges des identités assignées qui nous taraudent depuis notre indépendance. L'Europe n'est pas qu'une citadelle assiégée et la Tunisie ne peut jamais devenir une Corée du nord, une Allemagne de l'est, un goulag soviétique ou une république de mollahs avides.
Cultiver les amitiés internationales, sortir du syndrome anachronique qui oppose Dar el Islam et Dar El Harb, se marier hors de la tribu et aimer la vie contre le deuil islamiste: autant de lignes écrites sur les premières pages de mon manifeste du gai savoir et de l'art de vivre en liberté.
Cette belle et douce liberté qu'Amira et Gérald m'ont offert de partager l'espace du nuit d'automne aux saveurs de printemps méditerranéen.
C'est cela aussi la magie de La Goulette!



Commentaires

Vive le Club Africain : Quand le public envoie Slim Riahi à la trappe

Précédent

Sidi Bou Said : A quand une rue Rodolphe d'Erlanger ?

Suivant