Douche froide sur les soldes d'été !

Douche froide sur les soldes d'été !
Tunis-Hebdo
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Comme à chaque été, les soldes font leur apparition pour le plus grand bonheur des hommes et des femmes à l'affût de quelques bonnes affaires. De 30 à 80% de réduction, les soldes affolent, attirent et attisent la curiosité d'une société encline à la consommation dans un contexte de crise économique déroutant. A vos marques, prêt, partez ! Le 02 août, les Tunisiens ont quitté les starting-blocks pour une course folle de six semaines à travers les boutiques du pays.  De Géant à l'avenue Habib Bourguiba, en passant par le Tunisia Mall et La Marsa, des essaims de gens se forment à l'entrée des magasins de vêtements, de meubles et de trucs tout mignons qui ne servent, strictement, à rien. Bien que les clients se bousculent devant les cabines d'essayage, très peu cèdent à la tentation d'acheter tel ou tel article. "Même avec 40% de réduction, ça reste excessivement cher. J'avais craqué pour une robe à 250 dinars au début de l'été, aujourd'hui elle est à 150, mais je ne peux, quand même, pas me la permettre", confie Leila avant d'ajouter : "Nos salaires ne suivent pas ! Quand vous avez fini de payer votre loyer, la bouffe et le transport, vous n'arrivez plus à vous faire plaisir. On ne fait que du lèche-vitrine, pas plus". D'autres personnes se sont montrées plus sévères à l'égard des produits que proposent les grandes marques internationales : "Les Tunisiens savent reconnaître un article de qualité et c'est aussi pour ça qu'ils n'achètent plus. Les magasins des grandes marques européennes nous fourguent, à un prix exorbitant, du textile de deuxième choix fabriqué on ne sait où pour une bouchée de pain. Sans compter que les gens vont maintenant acheter à la fripe de Bab el Falla, de Bab Dzira, de la Hafsia et du souk d'Hammam-Lif. Il y a quelques jours j'ai acheté un jean de marque flambant neuf à la Hafsia pour 10 dinars seulement. Ils vendent exactement le même à Géant pour 120 dinars", affirme Mehdi. Du côté des vendeurs, le pessimisme est au rendez-vous. Employée dans l'une des boutiques de la capitale, Amel nous explique la situation : " Les soldes ne séduisent plus le consommateur parce qu'il a compris qu'il est perdant à 100%, peu importe le taux de réduction. Les gens sont plus intéressés par la fripe, où ils font d'excellentes affaires, que par les grands magasins. Il y a aussi un phénomène nouveau qui prend de plus en plus d'ampleur dans le pays, certains connaisseurs en bonnes affaires vont directement faire leurs courses chez les grossistes de la rue du Verre (nahj Bellar) à la Médina. Vu que le pouvoir d'achat est en chute libre, même les grossistes acceptent de vendre des articles neufs et au détail à un prix dérisoire". En fin de compte, cet engouement pour les soldes, que tout un chacun observe depuis quelque temps, n'est en réalité qu'illusion. En effet, cette année encore, les Tunisiens préfèrent garder leur argent pour faire face aux dépenses de l'Aïd El Kébir et à l'achat des fournitures scolaires de leurs enfants, rentrée scolaire oblige.  

Mohamed Habib LADJIMI

Tunis-Hebdo du 20 Août 2018




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