Ma voix n'est que poussière : Je suis un zéro virgule epsilon qui défends un pays/projet

Ma voix n'est que poussière : Je suis un zéro virgule epsilon qui défends un pays/projet
Chroniques
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Mes votes du 15 septembre dernier et du 6 octobre courant, je les ai faits au nom de mes convictions et en laissant aussi parler mon cœur. A chaque fois, mes candidats ont récolté zéro virgule quelque chose. Ce qui ne manque pas de déclencher les quolibets et les ironies. Et ce qui déclenche aussi des incompréhensions car il fallait voter "utile". Chacun est libre jusqu'à nouvel ordre de cocher la case qui lui importe puis de glisser son vote dans l'urne. Malgré les miettes que mon vote a suscitées, je demeure convaincu du bien fondé de mon choix. Car, même défait, je reste convaincu que le salut de notre modernité réside dans la convergence de tous ces votes éparpillés vers une seule formation qui soit représentative de toutes nos sensibilités tout en mettant la modernité en premier. Pour le moment, ma voix n'est que poussière à cause de politiciens incapables de défendre un projet, autistes et enfermés dans leurs délires de puissance, n'ayant souvent qu'un pied hypocrite en Tunisie sans en connaître le pays profond. Ce sont les politiciens véreux, simplement obnubilés par leurs carrières et leurs intérêts acquis, que la Tunisie doit craindre. Ce sont eux qui ont pris en otage notre modernité pour l'offrir, muette, castrée et laminée, à leurs acolytes islamistes. Ce sont eux qui sont les alliés objectifs d'Ennahdha et du régime déchu dont ils jouent les partitions sur le dos de la nation tunisienne. Ce sont eux qui malgré un bilan désastreux, tentent de préserver leurs positions dans le cauchemar qu'ils nous ont imposé. Ce sont eux aussi qui ne reconnaissent pas leurs erreurs, se défaussent sur leurs alliés de circonstance et jouent à la patate chaude avec le destin d'une nation. A deux reprises, j'ai tenté de voter selon ma propre éthique et ne le regrette pas. Et cette éthique, moi simple individu réduit au silence par des partis connivents, me commande de faire barrage au funeste projet islamiste tout en reconstruisant une alternative moderniste. Cette alternative reste à l'horizon et ne pourra s'imposer qu'avec la fédération de toutes les énergies opposées à l'islam politique. C'est à nous qu'il revient d'agréger toutes les forces de progrès pour préparer une nouvelle alternance. Ce que nous payons aujourd'hui, ce sont les errements de Nidaa Tounes, miné de l'intérieur par les défections des uns, les magouilles des autres et le consensus qui consistait à voler nos voix. Ce que nous payons, c'est d'avoir laissé se fracasser une alternative arc en ciel qui aurait pu rassembler tous les modernistes en attendant d'opérer une synthèse. Cette synthèse reste à l'ordre du jour et doit pouvoir se faire en vue d'une nouvelle alternance à l'horizon. C'est à mon sens le devoir de toutes celles et tous ceux imprégnés des Lumières, de l'interculturalité et du dialogue que de susciter un pôle moderniste qui soit à la Tunisie ce que certaines formations ont été pour les pays européens. Ne baissons pas les bras et, surtout, n'oublions pas que tout ne se joue pas à l'Assemblée des représentants du peuple. Pendant que tous les yeux sont tournés vers le Parlement et la scène politique, les courants islamistes ont investi tous les terrains et consolidé leur maillage du territoire et leur encerclement des esprits. C'est aussi sur le terrain social et culturel qu'il faut s'avoir s'investir pour ancrer la modernité ou plutôt lui rendre sa place naturelle dans un pays méditerranéen dont l'essentiel de l'économie est lié à l'Europe. Tout cela, les politiciens connivents feignent de l'ignorer car seuls leurs privilèges motivent leurs élasticités morales. Je préfère pour ma part une défaite honorable aux petits triomphes d'illusionnistes sans vergogne qui, peut-être sans le savoir, portent un voile sur leur cœur et une barbe salafiste sous la peau. Vraiment, parfois, une poussière, une miette, un zéro virgule ou un epsilon valent mieux que ces dérisoires nuances du déshonneur et de la duplicité.



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