Déficit d’identité !

Déficit d’identité !
Tunis-Hebdo
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Le secret de polichinelle se poursuit contre tout bon sens. Même la clôture de son premier congrès constitutif a laissé orphelin, en quelque sorte, le nouveau parti bon chic, bon genre (BCBG), Tahya Tounès, puisque son initiateur, le Chef du gouvernement Youssef Chahed, ne s’est pas encore prononcé publiquement sur la nature de ses rapports et sa place dans cette création partisane « exnihilo » ! Youssef Chahed continue d’entretenir le faux suspense concernant cet aspect du sujet au point de devenir contre-productif pour lui-même et pour sa formation politique. Celle-ci se caractérise par son caractère hétéroclite et l’absence de toute vision qui mobiliserait ses « adeptes » et ses supporters. Car et malgré son discours « fleuve », le chef du gouvernement, inspirateur, initiateur de « Tahya Tounès » et son leader politique, n’a guère apporté de lumière sur l’identité de sa création, ses orientations ou ses convictions. Ses références, il les a puisées dans son bilan gouvernemental et dans un héritage présumé de l’œuvre bourguibienne. En fait, son discours lui a servi, surtout, à régler ses comptes avec ses adversaires politiques, mais aussi avec ses alliés islamistes avec lesquels il espère prendre ses distances dans la perspective des prochaines élections. Youssef Chahed a, donc, tenté de convaincre son auditoire, persuadé d’avance, faut-il le préciser comme dans tous les meetings partisans, de sa capacité et de celle de son parti à conduire les affaires du pays prenant à témoin son bilan gouvernemental, sa lutte contre les dérives de la gestion publique et à l’état d’esprit qui l’anime. Il a, donc, essayé de mettre en exergue ce qu’il considère comme des acquis à l’instar de l’amélioration de la situation sécuritaire, du retour progressif, voire spectaculaire de quelques secteurs (tourisme) ou le léger progrès de la croissance. Or et sur ce plan, l’avenir du pays ne s’annonce ni florissant ni rassurant avec la détérioration continue des services publics ou les orientations ultralibérales qu’il préconise (l’Aleca ou le lâchage des entreprises publiques, Tunisair en premier lieu). Il a aussi évoqué son propre courage, lui qui a été le précurseur en matière de lutte contre la corruption, alors que ses détracteurs l’accusent, au contraire, d’en protéger certains et d’avoir adopté une politique sélective en la matière. Il a, enfin, réglé ses comptes avec ses adversaires politiques à commencer par ce qu’il a appelé les extrémistes ou les anarchistes, ceux qui attisent le feu des contestations, ou ceux qui se situent aux antipodes de son héritage bourguibiste qu’il revendique, faisant allusion aux alliés Islamistes. Il a laissé entendre qu’il a dû affronter les coups bas de tous, adversaires, mais aussi de la part de ses alliés. Une manière de tenter de séduire et de rallier ce qu’il considère comme sa base électorale, ce centre que se dispute tout le monde à la fois… Mais ce que Youssef Chahed ni son parti d’ailleurs n’ont pas proposé aux Tunisiens, c’est un projet qui puisse réellement les mobiliser ou déclencher leur enthousiasme. On peut craindre que « Tahya Tounès » demeure ce qu’il est, littéralement, un slogan et non un parti pourvu d’un programme de gouvernement qui permettrait au pays de se doter de politiques publiques à même de lui servir de base à un réel développement économique et social touchant toutes les catégories du peuple et toutes les régions du pays. « Tahya Tounès » de son leader présumé YC apparait plus comme un « bric-à-brac » qu’un parti ayant une identité. Les derniers sondages confirment, d’ailleurs, ce manque de confiance puisque YC apparaît encore loin dans les intentions de vote des Tunisiens aux Présidentielles. Un indice qui doit le faire longuement réfléchir…

Lotfi LARGUET Tunis-Hebdo du 06/05/2019




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