Tunisie : Les priorités oubliées !

Tunisie : Les priorités oubliées !
National
print



Les mouvements de protestation des jeunes dans les régions se poursuivent. Que ce soit à Ben Guerdane, à Sidi Bouzid ou à Kasserine, les citoyens continuent de manifester pour exprimer leurs diverses revendications, certains exigeant le rétablissement du commerce frontalier avec le « turbulent » voisin libyen, d’autres demandant que l’on se penche sur leur situation en leur assurant des moyens de subsistance. Le gouvernement a finalement réagi en décidant d’envoyer quelques ministres pour tenter de calmer les protestataires et de les ramener à la raison. Cependant, et indépendamment de la réussite ou de l’échec de cette délégation de responsables, le gouvernement semble avoir délaissé voire oublié les priorités qui auraient déterminé son arrivée au pouvoir au lieu et place du gouvernement Essid. En effet, l’équipe de Youssef Chahed était venue pour trouver des solutions aux problèmes socio-économiques. Or et après quelques mois de gestion, le gouvernement, présumé d’union nationale, semble passer à côté des exigences du contexte. En ce qui concerne le volet social, et principalement l’emploi, le gouvernement Chahed fait du sur-place, le taux de chômage ne faisant que s’aggraver et les jeunes sont de plus en plus sujets à l’oisiveté, à la tentation de la migration clandestine et donc de potentiels candidats à la séduction terroriste, jihadiste et salafiste. En ce qui concerne le volet économique, et une fois la Conférence internationale de l’investissement pliée, le gouvernement semble là-aussi ne pas avancer d’autant plus que l’on ignore si les promesses formulées seront tenues ou bien ne sont-ils que de la fumée, qu’une vue de l’esprit. De plus aucun vent de réforme provenant de la Kasbah ne souffle sur le pays. Alors que l’on sait par exemple que les caisses sociales risquent la faillite, on attend encore les solutions dont on parle depuis deux ans, mais que l’on n’arrive pas à concrétiser. Comme si cette question, aussi cruciale qu’elle l’est pour la stabilité du pays et le pain quotidien de milliers de retraités (ou de futurs retraités), n’est plus inquiétante ??? Les solutions proposées sont sidérantes de légèreté comme celle promise aux protestataires de Ben Guerdane de travailler lors des prochains quinze jours à essayer de rouvrir le poste frontalier de Ras Jedir. Est-ce la seule solution que le gouvernement pouvait trouver ? Une telle solution ne reste-t-elle pas aléatoire dans la mesure où le vis-à-vis n’est guère crédible comme l’histoire peut en témoigner ? Est-elle suffisante pour assurer la subsistance des populations concernées ? A quoi assiste-t-on sinon à la reproduction des anciennes pratiques et des « calmants » habituels pour éteindre le feu en attendant le déclenchement d’un autre au moindre quiproquo avec les Libyens ? etc Autrement dit, Youssef Chahed et son équipe n’arrivent pas à donner une nouvelle impulsion au pays de quelque nature qu’elle soit, sur le terrain concret des réalisations, ou sur le terrain mental et psychologique. Ils n’arrivent même plus à établir des ponts de dialogue avec la population, avec ce que cela entraîne comme déceptions et frustrations. C’est dire qu’il leur sera difficile de continuer à bénéficier de la sympathie de l’opinion publique d’autant plus que l’on espère, et attend, un autre type de gestion de dossiers encore plus délicats à commencer par celui relatif aux Salafistes qui ont déclaré la guerre à l’Etat (Ettahrir) ou aux terroristes dont on nous annonce le retour imminent…

L.L.




André Parant juge nécessaire de préserver les acquis démocratiques en Tunisie

Précédent

Tunisie : La séance inaugurale du conseil des régions et des districts fixée au 19 avril

Suivant