Avec le temps et une enquĂŞte, on fait bien des dĂ©couvertes. Ainsi, un document nous est parvenu d’une source digne de foi et prouvant formellement l’implication des cadres du RCD dans la machinerie de la censure Ă l’ère Ben Ali.
Le document, en notre possession (voir en bas de cette page), est une correspondance classĂ©e secrète entre le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral de l’organisation des Ă©tudiants du RCD et le secrĂ©taire gĂ©nĂ©ral du RCD. Elle comporte l’adresse email et le mot de passe d’une personne dont le nom a Ă©tĂ© effacĂ© par la source. La pièce originale, avec nom, est gardĂ©e en lieu sĂ»r et attend qu’une enquĂŞte officielle soit ouverte.
On suspectait depuis longtemps les activitĂ©s d’espionnage et de piratage effectuĂ©es par les Ă©tudiants membres du RCD. En voici une preuve Ă©crite. Le processus de recrutement est assez simple : pour accĂ©der Ă certains privilèges, il fallait faire partie ou ĂŞtre parrainĂ© par le RCD ; les opportunistes y ont trouvĂ© pleinement leurs comptes.
Les jeunes talents en matière de piratage et de cyber-dĂ©linquance n’ont pas fait exception. Ainsi, en espionnant leurs amis, en piratant des adresses emails, en compromettant des comptes facebook, ils gagnaient l’estime des cadres du RCD. Ils Ă©taient rĂ©compensĂ©s par un job, une inscription en master, un voyage ou tout autre bĂ©nĂ©fice.
Selon les tĂ©moignages recueillis, il y avait mĂŞme des compĂ©titions organisĂ©es de temps Ă autre, pour compromettre l’identitĂ© virtuelle d’un activiste. Parfois, cela nĂ©cessitait la complicitĂ© de l’ensemble du rĂ©seau pourri du RCD.
Ainsi, un militant de l’opposition s’est vu voler sa boĂ®te email par une simple rĂ©initialisation du mot de passe. Le pirate a tout simplement appelĂ© le chef de la section du RCD de la ville natale du militant pour avoir la rĂ©ponse Ă une question banale : « le nom du premier instituteur que ce militant a eu ». C’est cette question qui a Ă©tĂ© demandĂ©e par la boĂ®te email pour rĂ©initialiser le mot de passe en cas d’oubli.
Les membres du RCD Ă©taient au nombre de deux millions. Mais combien d’entre eux sont coupables de cyber-dĂ©linquance ? La question ne trouvera peut-ĂŞtre jamais de rĂ©ponse.
Les archives du RCD devraient grouiller de pareils documents. C’est une vĂ©ritable mine Ă exploiter pour mettre au clair le niveau de responsabilitĂ© de chacun.
Le RCD Ă©tait un vĂ©ritable corps d’espionnage du cyber-espace. Il y avait mĂŞme des « cellules de veille » dont la mission Ă©tait tout bonnement l’Ă©troite surveillance de l’activitĂ© des militants anti-Ben Ali. C’est ainsi que plusieurs activistes ont Ă©tĂ© arrĂŞtĂ©s, paraĂ®t-il.
Apparemment, il ne s’agissait pas de moyens techniques Ă la pointe de la technologie, pour surveiller l’ensemble du trafic tunisien d’Internet, mais d’un Ă©norme rĂ©seau de mouchards « moundassine ».