Le projet de LF 2024 préconise la levée du monopole de l’Etat sur l’importation et la distribution des produits subventionnés tels que les céréales, le sucre ou encore le thé dont l’OCT est le dépositaire historique. La question que l’on doit se poser : à quel prix cette mesure se fera-t-elle ?
L’Etat est sur le point de lever la main sur les produits de base, une information à prendre avec les réserves d’usage tant il est vrai que le PLF 2024 dans lequel serait formulée cette mesure, n’a pas été approuvé par l’ARP comme le veut la loi.
Ceci dit, la libéralisation des produits de base est un vœu pieux que les opérateurs privés ont longtemps réclamé et qui sera, peut-être, exaucé à partir du prochain exercice comptable.
Le pourquoi de la mesure ?
L’Etat s’est-il rendu, enfin, à l’évidence quant à l’impossibilité de continuer à monopoliser des activités qui sont passées, pratiquement dans tous les pays du monde, aux mains des privés ? Cette mesure sera-t-elle prise dans le cadre des réformes visant au désengagement de l’Etat des secteurs concurrentiels ?
Ce serait là une réforme de fond même si elle reste discutable. L’Etat le fera-t-il par nécessité, étant incapable de financer ses achats de l’extérieur, vu l’explosion des cours mondiaux des produits de base ?
Si les autorités le feront contre leur volonté, ça serait là une mesure qui ne s’insère dans aucun projet de réforme, lequel cas elle sera vouée à l’échec. En tout état de cause, quel que soit le mobile, cette mesure ne plaira pas à tout le monde.
Prix des hydrocarbures, ça va brûler !
Le PLF 2024 prévoit, par ailleurs, la poursuite de la politique relative à la levée de la subvention sur les hydrocarbures. Une mesure qui risque de mettre davantage le feu sur des prix déjà très élevés par rapport au pouvoir d’achat du Tunisien. Ceci dit, tout porte à croire que d’ici quelques années, le Tunisien va acquérir les hydrocarbures à prix réels, c’est-à-dire sans la subvention de l’Etat.
Sur le plan des mesures visant, soi-disant, à alléger le fardeau du citoyen, il est prévu dans le cadre du PLF 2024 une baisse de l’impôt sur le revenu des personnes physiques. Quel sera le taux de cette baisse ? L’on ne sait pas encore.
Ce qui est frappant, par contre, dans le PLF 2024, c’est la contradiction entre la libéralisation qui a inspiré le gros de ce projet et le renforcement du rôle social de l’Etat.
Ce renforcement, soi-dit en passant, consiste à garantir l’approvisionnement du marché, à soutenir le secteur de l’agriculture, de la pêche et des ressources hydrauliques, à appuyer l’inclusion financière des PME, à encourager l’épargne et à renforcer l’investissement. Il va sans dire que tout cela reste du domaine de l’imprécis pour ne pas dire du flou.
On vous aura épargné, dans le même sillage, les dispositions, toutes aussi improbables, relatives à la mise en place de mécanismes alternatifs pour financer la compensation, soutenir l’économie verte, le développement durable, la lutte contre l’évasion fiscale, l’intégration de l’économie parallèle, la conformité fiscale et le renforcement des garanties au profit du contribuable.
En résumé, toute la cohorte de mesures qui, en partie, ne verront jamais le jour.
Chahir CHAKROUN