Au moment où tous les indicateurs économiques de l’intérieur sont au rouge, il est une valeur ajoutée nationale, venant de l’étranger, qui met du baume au cœur. Il s’agit des revenus du travail de la diaspora tunisienne. Focus sur un agrégat qui s’impose dans la sphère économique en ces temps de vaches maigres.
Les revenus du travail de la diaspora tunisienne, voilà une composante importante des finances publiques qui donne de l’espoir au moment où tout semble aller de travers.
Parce qu’ils sont libellés en devises, ils servent, d’une part, à alimenter nos réserves de change et, d’autre part, à payer nos importations, concomitamment, cela va de soi, au remboursement du service de la dette, laquelle s’amplifie à un rythme insoutenable même si on évite de le dire expressément.
Les raisons d’un bond
En cette conjoncture difficile, on ne peut pas ne pas savourer la valeur des revenus du travail des TRE même si elle ne nous rassasie. A fin octobre 2022, ces revenus ont atteint la bagatelle de 7,15 milliards de dinars.
Pour certains, peu versés dans la chose économique, ce chiffre peut paraître futile. Le situer dans un cadre macroéconomique, il devient, sans doute, significatif.
Ce montant représente, en effet, le double des entrées touristiques de la Tunisie. Celles-ci s’étaient établies à près de 3,4 Mds en dix mois. A titre comparatif toujours, les quelque 1,5 million de Tunisiens établis à l’étranger ont fait rentrer le double de l’argent qu’ont apporté 3 millions de touristes.
Comment explique-t-on l’envolée des revenus des TRE durant les dix premiers mois de 2022, par rapport à la même période de 2021, de près de 850 millions de dinars (6,3 Mds en 2021 contre 7,15 Mds en 2022).
Cela est-il dû à la hausse de l’effectif des expatriés suite à la vague de sortie de plusieurs centaines de nos cadres, sans compter les milliers de jeunes qui ont émigré clandestinement ?
« Les quelque 1,5 million de Tunisiens
établis à l’étranger
ont fait rentrer le double de l’argent
qu’ont apporté 3 millions de touristes »
Pour importante qu’elle soit, nous ne pensons pas que la hausse de l’effectif des expatriés est la seule raison derrière l’amélioration des revenus du travail, sans doute faut-il y ajouter les fluctuations qui ont marqué la valeur du dinar par rapport à l’euro entre 2021 et 2022.
L’autre explication plausible : la cherté de la vie et l’inflation galopante qui prévalent sous nos cieux sont autant de facteurs dont nos TRE prennent, désormais, en compte quand ils transfèrent de l’argent à leurs familles et leurs proches.
D’ailleurs, nombreux expatriés apprennent à leurs dépens, lorsqu’ils rentrent en été, que la vie est chère en Tunisie et que même avec leurs euros ils doivent serrer la ceinture.
Ajouter à cela les investissements qu’ils réalisent principalement dans le bâtiment, construction ou achat de maison familiale, et on comprend pourquoi le volume des transferts s’est nettement amélioré.
Levée des subventions et immigration !
Nous ignorons si les économistes s’étaient penchés, dans le passé, sur la relation entre subventions et immigration, en tout cas le temps est venu aujourd’hui à ce qu’ils prêtent à cette question à la fois importance et réflexion. Et pourquoi pas la modéliser pour en saisir la portée. Et nous ne sommes pas dans le caricatural.
A notre avis, la levée des subventions est un facteur qui accélérera à coup sûr l’immigration dans son aspect aussi bien formel et informel et cette théorie faite aujourd’hui d’idées abstraites ou d’hypothèses, risque de se vérifier demain, et le danger de voir notre pays sevré d’élite et de main-d’œuvre menaçant notre croissance, s’amplifier.
En insistant sur la question des subventions qu’ils ont suspendues à l’accord de prêt, le FMI et leur armada d’experts ne voient-ils pas venir la menace que cette réforme peut produire en termes de flux migratoires vers l’Europe ?
Les restrictions de visas, si elles baissent le nombre de candidats tunisiens au voyage par voie formelle, elles amplifieront le phénomène de l’immigration clandestine et, conséquemment, la sécurité et la stabilité de l’Europe.
Le FMI et l’Europe doivent couvrir leurs arrières. Les subventions, les Tunisiens iront les chercher dans vos fiefs !