A l’approche de la saison oléicole, les spéculations sur le prix de l’huile d’olive prennent de l’ampleur, non seulement en Tunisie mais également ailleurs. La sécheresse qui a sévi, cet été, dans les principaux pays producteurs augure une flambée de prix sur le marché mondial.
Pour vous mettre dans le bain (d’huile), il est attendu que la production d’olives en Tunisie s’établisse à 1 million de tonnes pour la saison 2023-2024.
Cette quantité permettra de produire quelque 200.000 tonnes d’huile d’olive, soit +11 % par rapport à la saison précédente. Des estimations données, jeudi 14 septembre, par Dorsaf Ben Ahmed, représentante de la Direction générale de la production agricole au ministère de l’Agriculture, lors d’une conférence de presse en prélude à la prochaine campagne oléicole.
Régression de la production mondiale
Malgré des estimations de production pour 2024, somme toute optimistes considérant les conditions climatiques difficiles que nous avons vécu, le prix de l’huile d’olive connaîtra, inévitablement, une augmentation par rapport à celui qui était en vigueur lors des deux dernières années. Entre 14 et 19 dinars/litre pour la saison 2022-2023 contre des prix variant entre 9 et 12 dinars/litre en 2021-2022.
Le commun des mortels ne comprendra pas – et il a raison – pourquoi à une amélioration de la production nationale d’huile d’olive correspondrait une augmentation des prix. Nous rappelons, dans ce sens, que le tarif qui sera pratiqué localement est indexé à celui en vigueur sur le marché international, et ce, quelle que soit importante la quantité produite chez nous.
Il est à préciser qu’à l’instar des cours de pétrole, le prix de l’huile de l’olive est fixé par les marchés internationaux, selon l’offre et la demande mondiale de cette denrée. Et comme les estimations tablent sur une régression de la production mondiale – elle s’établirait à 2,5 millions de tonnes (-26 % par rapport à la saison dernière) – l’augmentation des prix semble inévitable.
N’allez pas croire, comme c’est le cas lors de chaque campagne oléicole, que le ministère du Commerce fixera le prix de l’huile d’olive pour 2024. Théoriquement il le fait, mais la réalité du terrain est tout autre.
Des tarifs multipliés par deux !
Vendredi dernier, lors du Journal télévisé de 19h00 (heure de Tunis), TF1 a réalisé un reportage sur un oléiculteur de la région de l’Andalousie en Espagne. Ses propos dépeignent un constat d’inflation inévitable : « En temps normal, ces graines sont de taille plus importante, voyez dans quel état sont-elles aujourd’hui en raison de la sécheresse historique ».
Des experts abondent dans le même sens. « Cette année, l’offre mondiale d’huile d’olive sera moins importante que la demande, de ce fait il est prévu que les prix soient multipliés par deux. Certains producteurs spéculent déjà sur le marché. Ceux qui ont un excédent de stocks savent qu’ils ont gagné en valeur, et ceux qui n’ont pas de stocks veulent en constituer. »
Ça sera la même chose en Tunisie. Aujourd’hui, les huileries sont en rupture de stocks et ceux qui gardent quelques provisions en vrac les écoulent au prix fort. Sinon, il faut s’adresser aux grandes surfaces où l’on trouve de l’huile bio à 22, voire 26d le litre. Pour 2024, le prix de d’huile d’olive (en vrac) devrait atteindre 25 à 30d le litre.
En tout état de cause, que la production soit bonne ou moins bonne l’huile d’olive est, désormais, hors de portée du citoyen lambda. D’ailleurs, les autorités s’en moquent éperdument. La grande majorité de notre huile d’olive est exportée, essentiellement vers les pays de l’Union européenne. Laquelle huile sera, par la suite, labellisée sous des enseignes espagnole, italienne, française, etc.
Lors de la saison 2022-2023, la Tunisie a exporté 176 mille tonnes d’huile d’olive pour une valeur de près de 3 milliards de dinars (2,972 MDT), dont 17,6 mille tonnes d’huile d’olive conditionnée (367 MDT) et 53 mille tonnes d’huile d’olive biologique (970 MDT). L’huile d’olive extra vierge représente 89% des exportations.
Chahir CHAKROUN