L’idée de faire un onze légendaire de sa propre équipe nationale de football trotte dans la tête de tous les amoureux de ce sport. Malheureusement et bien que le foot soit ancré dans les traditions sportives de la Tunisie, aucune émission télévisée ne s’est auparavant essayée à cet exercice si passionnant, mais ô combien compliqué.
Dans cette optique, un des sites de nos porte-drapeaux (lesaiglesdetn.wordpress.com) a, récemment, proposé une liste des onze meilleurs joueurs tunisiens qui ont sublimé le maillot rouge et blanc. Un article à succès qui s’est répandu comme une trainée de poudre sur les réseaux sociaux, donnant lieu à de nouvelles compositions de rêve. Au tour des journalistes de Tunis Webdo de vous offrir la leur.
Mais avant de découvrir cet effectif, si difficile à établir, sachez qu’un bon nombre de nos grands joueurs ont été cités sans pour autant être retenus. Le jeu veut que nous n’en choisissions que onze, au grand désarroi de certains…
Onze joueurs ont, donc, été élus selon une formation tactique de type 4-4-2 : un gardien de but, quatre défenseurs, quatre milieux de terrain et deux attaquants :
Sadok Sassi dit « Attouga » (gardien)
« Attouga » est plus qu’un simple sobriquet, c’est 116 sélections en 15 ans de carrière. C’est des parades à couper le souffle, un charisme sans pareil et un nom qui, depuis bien longtemps, fait partie de la légende.
Il est, donc, inévitable que Sadok Sassi voie ses gants accrochés au panthéon des plus grands portiers de notre Histoire. Nous lui décernons, par ailleurs, le capitanat de cette équipe de rêve.
Khaled Ben Yahia (défenseur central)
L’un des rares à avoir obtenu deux fois le titre de meilleur footballeur tunisien (1981 et 1986). Le libéro de l’Espérance de Tunis est un authentique colosse de Rhodes.
Grand, costaud, avec un style de jeu élégant, Khaled Ben Yahia est le défenseur central par excellence. Le gars qui rassure lorsqu’il est aligné et qui fait flancher bon nombre d’attaquants. C’est à l’unanimité qu’il mérite d’avoir son nom sur cette liste.
Khaled Gasmi (défenseur central)
Il était l’un des défenseurs les plus talentueux de sa génération. A seulement 19 ans, Gasmi rejoint l’équipe nationale pour superviser la Grande muraille de Attouga.
Son rôle était de neutraliser les grands attaquants de l’époque à l’instar du Marocain Ahmed Faras ou de l’Egyptien Mahmoud al-Khatib.
Mission accomplie pour le puissant stoppeur du Club athlétique bizertin puisque la Tunisie se qualifie pour sa première Coupe du monde en 1978. Dès lors, Gasmi s’impose en grand patron d’une défense solide et qui n’hésite pas à monter de l’avant.
Mais en dépit de ses performances avec les Aigles de Carthage, Gasmi perd progressivement son engouement pour ce sport, devenu une affaire de gros sous. Le légendaire défenseur raccroche les crampons à tout juste 27 ans, pour le plus grand soulagement des attaquants adverses.
Hatem Trabelsi (arrière droit)
Avec Hatem Trabelsi, l’arrière-garde tunisienne a enfin pris son envol. Celui que l’on surnomme « la gazelle noire » a été élu meilleur arrière droit au monde du temps de Cafu et autre Javier Zanetti.
Rapide, vif, percutant, Hatem est celui qui a révolutionné le style de jeu des Tunisiens à une époque où les défenseurs étaient, uniquement, cantonnés à leur rôle proprement dit. Attention ! Le danger rode sur le couloir droit…
Hédi Berrekhissa dit « Balha » (arrière gauche)
C’est avec la larme à l’œil que l’on s’apprête à écrire le nom de notre regretté « Balha ». Le « gentil géant » du couloir gauche, du milieu de terrain et même parfois de l’avant, incarnait l’élégance du jeu par excellence.
Tout le monde se souvient de ce doublé magistral qu’il a inscrit face au Zamalek en 1994, offrant ainsi à l’Espérance de Tunis sa première Champions league africaine.
Elu meilleur joueur arabe en 1995, Berrekhissa n’avait que 24 ans lorsqu’il nous a quittés. Il a eu, tout de même, le temps de nous faire rêver. Qu’il repose en paix !
Néjib Ghommidh (milieu défensif)
Il a été l’un des principaux artisans de l’exploit de la Tunisie lors de la Coupe du monde de 1978 en Argentine.
A cette époque, Ghommidh avait inscrit le deuxième but de la Tunisie face au Mexique laissant sans voix feu Néjib Khattab. Milieu de terrain récupérateur infatigable, Ghommidh était sur tous les ballons et derrière chaque action.
Une sorte de centre de gravité ambulant. Voilà un joueur sur qui la stratégie d’une équipe peut et doit reposer.
Témime Lahzami (milieu droit)
Rapide comme l’éclair, visionnaire et dribbleur hors pair. Tels sont les trois critères qui qualifieraient au mieux l’extraordinaire talent de l’un des plus grands joueurs tunisiens de tous les temps.
Témime n’était pas un simple latéral, c’était le latéral que tout club rêvait d’avoir dans ses rangs. Si l’on souvient de son tir sur la barre face à la Pologne en 1978, beaucoup d’entre nous se rappellent avec quelle aisance il effaçait ses vis-à-vis et les laissait sur place.
Les Champions du monde allemands et les défenses du championnat français en ont fait les frais. La classe mondiale !
Zoubaier Baya (milieu gauche)
Qui d’autre que le génie étoilé auriez-vous vu à ce poste ? Fin technicien, meneur de jeu, passeur décisif et buteur, Baya fait l’unanimité.
Ses centres millimétrés et ses qualités de leader ont fait de lui la pièce maîtresse de tous les clubs qu’il a fréquentés, en Tunisie comme en Europe. Sa prestation mémorable durant la CAN 1996 en Afrique du Sud a fait de lui une icône générationnelle.
Tarak Dhiab (milieu offensif)
Sans doute le meilleur joueur tunisien de tous les temps. Le célèbre numéro 10 des Aigles de Carthage s’est rapidement distingué par la façon dont il orientait le jeu. Tarek était le garant d’un spectacle grandiose.
Une véritable pépite d’or qui éblouissait de son éclat les arènes dans lesquelles il excellait balle au pied. Avec 108 sélections et 15 buts en équipe nationale, Tarak Dhiab demeure, à ce jour, l’unique joueur tunisien à avoir gagné le ballon d’or africain (1977).
Hammadi Agrebi (ailier)
L’un des avants les plus talentueux de sa génération, si ce n’est le meilleur. « Le magicien » est, simplement, né avec un ballon de foot au pied.
Une sorte de Garrincha arabe qui s’amusait à tordre le bassin de ses adversaires avec ses dribles virevoltants et ses percées dans la surface de réparation.
Véritable poison à l’entrée des dix-huit mètres, Agrebi avait le don de déstabiliser n’importe quel mur défensif pour ensuite marquer, délivrer une passe décisive ou obtenir un penalty. Techniquement, l’un des éléments les plus doués de ce onze type.
Noureddine Diwa (avant-centre)
Ses exploits ne vivent que dans la mémoire des anciens. Toutefois, Noureddine Diwa et son redoutable pied droit ont écrit les plus belles pages du sport tunisien.
Doté d’un flegme imperturbable dos au but, Diwa prenait du plaisir à éliminer un à un les joueurs adverses avant de savourer son face-à-face au gardien d’une feinte de frappe ou d’une petite balle piquée.
Petit, trapu et d’une grande intelligence, Diwa était un attaquant de poche qui alliait finesse du jeu à la force brute. Un avant-centre pur-sang.
Mohamed Habib LADJIMI