Il y a quelque chose de pourri au royaume de Mark… Et de très pourri même. Que le fondateur de Facebook se soit séparé d’Eduardo Saverin en s’arrangeant pour diminuer ses parts de participation, pour mieux le virer de l’entreprise, cela on le savait déjà. D’ailleurs, la mise à la porte de Saverin est au cœur de l’intrigue du fameux film The Social Network.
Pour ceux qui n’ont pas vu le film, précisons que Saverin a été chargé de gérer les finances de Facebook, alors que Mark Zuckerberg travaillait plutôt sur le produit. Mais au lieu de rejoindre la société à Palo Alto, Saverin était resté sur la côte Est pour travailler sur une autre start-up. Finalement, il a commencé à se sentir exclu, et il a gelé le compte bancaire de Facebook.
Pour faciliter la voie de Saverin vers la porte de sortie et limiter son influence sur la façon dont Facebook serait financé, Zuckerberg a réduit sa part dans l’entreprise en créant une nouvelle société chargée d’acquérir l’ancienne compagnie et de distribuer ensuite de nouvelles actions dans la nouvelle société à tout le monde, sauf à Saverin.
Eh bien maintenant, grâce à une source bien placée, certaines informations assez intéressantes ont été révélées. Il s’agit de l’e-mail que Mark Zuckerberg a envoyé à son avocat en lui donnant le feu vert pour le projet qui aboutirait à une élimination éventuelle de Saverin. Voici un extrait du texte intégral disponible en anglais sur Businessinsider.com :
« Cet e-mail devrait probablement être tenu secret professionnel, je ne savais pas vraiment comment faire ça.
Peu importe, Sean et moi sommes tombés d’accord sur le fait que le prix d’un demi-centime par action est la marche à suivre pour le moment. Nous pensons que nous pouvons peut-être presque le justifier, et sinon, on s’occupera de ça plus tard.
Nous nous sommes aussi accordés sur le fait que si la compagnie nous procure des bénéfices, le montant fixé pour les partages, plus les taxes, est une bonne solution au problème.
Dès qu’Eduardo part, je pense que ce sera moins risqué de lui demander sa permission pour obtenir des subventions. Tout spécialement si nous le faisons conjointement avec des gains d’argent. C’est même probablement cool de dire combien de parts nous ajoutons dans l’association. C’est probablement moins cool de lui dire à qui reviennent ses parts, tout simplement parce qu’il pourrait avoir une réaction défavorable au début.
Y a-t-il une solution pour faire ça sans que cela soit méchamment apparent que ses parts soient diluées à 10% ? »
Plutôt naïf, Marc, dans sa volonté de virer… Il avait tort de croire qu’un loup comme Saverin se laisserait prendre ainsi. Et l’avocat de répondre :
« Les principaux risques juridiques sont « une obligation fiduciaire ». Comme Eduardo est le seul actionnaire à voir ses actions diluées par l’émission de nouvelles actions, il y a un risque important de le voir réclamer la dilution des autres titres, en particulier ceux de Dustin et Mark, mais aussi ceux de Sean, qui pourra amener à une violation de l’obligation fiduciaire par la suite, si ce n’est maintenant.
Je crois savoir que vous avez déjà discuté de ces émissions de titres futures avec Eduardo avant la fusion LLC. C’est ce que j’avais recommandé à l’époque. Néanmoins, ce serait génial s’il y avait un moyen d’obtenir un consentement d’actionnaires où Eduardo accepte cette nouvelle émission de titres. Ce n’est pas« obligatoire », mais ce serait très avantageux et nous permettrait d’éviter de le voir revenir plus tard nous accusant de la violation de notre devoir fiduciaire. J’en ai parlé à Sean et il m’a dit qu’il allait y réfléchir. »
Et l’avocat avait bien raison. En effet, Saverin a bien déposé plainte contre la compagnie et il a obtenu un arrangement bien garni par les quelque cinq pour cent de la compagnie ce qui lui fait quelque 5 milliards de dollars. Comme quoi le grand gagnant n’est pas toujours celui que l’on croit.