Par Hatem BourialMardi 12 mai, le quotidien français Libération a consacré son Grand Angle à la randonnée en Tunisie avec un reportage de deux pages, signé Elodie Auffray avec des photos de Nicolas Fauqué. Intitulé « Randonnée : La Tunisie s’élève et marche », l’article rend compte de deux randonnées que la journaliste a accompagnées à Testour et El Oueslatia, respectivement le dimanche 15 mars et le dimanche 4 avril.
Pour rendre à César ce qui lui appartient, nous qualifierons le reportage d’excellent. Des dizaines de personnes citées, une réflexion sur le phénomène rando en Tunisie, des focus sur les associatifs dans ce domaine et un portrait tout en nuances d’un garde forestier.
Seulement, nous ne parvenons pas à comprendre pourquoi la journaliste, contestée pour le titre ravageur de son premier article après le drame du Bardo, saupoudre son travail d’allusions à « la menace jihadiste ». Alors que les randonneurs marchent à Testour, Elodie Auffray se transporte en esprit au… Chaambi « qui recèle parmi les plus beaux endroits pour randonner » mais est « le théâtre d’une lutte asymétrique entre jihadistes et forces de sécurité ».
La correspondante de Libé en conclut qu’il faut composer pour les randonneurs, « les monts Chaambi, cœur du maquis jihadiste étant blacklistés ». On se demande que vient faire le mont Chaambi à Testour ! Pour le lecteur tunisien, cela va de soi mais pour un lecteur français, la porte est ouverte à toutes les confusions.
L’article est parsemé de ce type d’allusions. Par exemple, alors que les randonneurs sont en haut du Djebel Ouesletia, la journaliste souligne que cette « localité est elle aussi touchée par le terrorisme: cinq de ses jeunes sont partis faire le jihad en Libye, un autre en Syrie ».
Est-ce de la perfidie ? S’agit-il plutôt de mauvaise foi qui instille allusions pernicieuses et petites touches insidieuses dans un article somme toute banal ?
Serait-ce plutôt une question de ligne éditoriale ? Nul ne saurait dire…
Le fait est que, toutefois, l’article se termine par une citation positive de l’un des randonneurs, Brahim, qui affirme : » Les terroristes sont une minorité bruyante, ils alimentent notre volonté d’aller de l’avant. Un arbre qui tombe fait plus de bruit qu’une forêt qui pousse ».
Au moins, il n’y avait pas de flèche du Parthe! Ni de maquisards sur le parcours des randonneurs!