Suite au refus de Mehdi Jomaa, c’est Habib Essid qui a été finalement désigné par Nidaa Tounes pour être le prochain chef du gouvernement, a annoncé ce lundi 5 janvier, Mohamed Ennaceur, président du mouvement de Nidaa Tounes et de l’Assemblée des Représentants du Peuple.
Un chef de gouvernement, hors de Nidaa Tounes
Nidaa Tounes a donc choisi Habib Essid, un « non-partisan », en dehors du parti, âgé de 65 ans, de Sousse, qui a servi sous le régime de Ben Ali et a été nommé ministre de l’Intérieur par l’ex-président de la République intérimaire, Foued Mebazaa, en mars 2011, puis conseiller sécuritaire en janvier 2012 sous le gouvernement Jebali, d’Ennahdha/Troika.
« Un accord avait été trouvé autour de la personnalité qui sera proposée au président de la République pour le poste de chef du gouvernement » annonçait hier le président de l’ARP, Mohamed Ennaceur.
Par ailleurs, la réunion des élus de Nidaa Tounes, qui s’est tenue à Hammamet les 3 et 4 janvier, s’est terminée dimanche soir, sans qu’un accord ait été trouvé sur le nom du prochain chef du gouvernement.
Dans une déclaration à shems FM, Faouzi Elloumi, a révélé que son nom et celui de Taieb Baccouche étaient proposés au sein du parti Nidaa Tounes, pour la présidence du gouvernement.
La double déclaration de Khemais Ksila
Dimanche soir, vers 18h, le député Khemais Ksila de Nidaa Tounes a démenti toute suggestion du nom de M. Essid, sur MFM, suite aux rumeurs.
[quote_box_center] »Ce que je veux affirmer, c’est que je démens catégoriquement que le bloc n’a pas parlé du nom d’Habib Essid durant les deux jours, que ce soit lors des réunions ou dans les coulisses. Nous avons discuté du processus gouvernemental, nous avons affirmé que le bloc a son mot à dire dans la décision et nous n’avons pas évoqué le nom d’Habib Essid. Je suis presque convaincu qu’il y a quelqu’un qui se considère de Nidaa Tounes et qui veut nuire à l’harmonie du bloc parlementaire de Nidaa Tounes. »[/quote_box_center]
Cependant, suite à la désignation de M. Essid, ce lundi, M. Ksila a démenti son propre démenti sur MFM, affirmant que le nom de M. Essid a été évoqué lors de la réunion du comité constituant et un groupe du bloc parlementaire, au local du parti.
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J’ai déclaré que le bloc n’a pas évoqué le nom de Habib Essid durant les deux jours [à Hammamet], c’est tout […] des fuites d’informations disaient que Habib Essid allait être candidat de Nidaa. Dans la même déclaration j’ai dit que je voue un grand respect et de la considération pour Monsieur Habib Essid. Moi je sais, en tant que leader à Nidaa Tounes et en tant que député, qu’il y a eu évocation de ce nom mais ça n’a pas été tranché parce que jusqu’à la fin de la chose, et moi je n’ai pas la langue de bois, jusqu’au dernier moment, deux noms ont été proposés durant la réunion du comité constituant avec la participation d’une délégation du bloc parlementaire.
Ces noms sont ceux de Habib Essid et Monsieur le ministre de l’industrie actuel Kamel (hésitation, il cherche le nom) et on lui souffle Kamel Bennaceur. Et ça c’est une preuve que les choses sont dans la concertation. Ces noms ont été évoqués dans le local de Nidaa Tounes.
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Formation du nouveau gouvernement
Conformément à l’article 89 de la constitution, le président de la République Béji Caïd Essebsi devra charger au plus tard ce lundi 5 janvier 2015 Habib Essid de former le gouvernement dans un délai d’un mois, « pouvant être prorogé une seule fois ».
Le nouveau gouvernement formé par Habib Essid devra obtenir après la confiance de la majorité absolue, c’est-à-dire 109 voix minimum, à l’Assemblée des représentants du peuple (ARP), et ce après avoir présenté un bref exposé de son programme devant les membres de l’ARP.
Avec Essid comme chef de gouvernement, Ennahdha ne s’opposera probablement pas à lui donner sa confiance, avec ses 69 sièges au parlement, puisque ce denier a fait partie du cabinet de Hamadi Jebali.
La désignation de Habib Essid fait suite à une réunion tenue, ce matin du lundi 5 janvier, entre Beji Caid Essebsi, président de la République, Mohamed Ennaceur, président de l’ARP, et Taieb Baccouche, secrétaire général de Nidaa Tounes.Carrière
Habib Essid, 65 ans, a notamment occupé le poste de ministre de l’Intérieur dans le gouvernement de Beji Caid Essebsi lorsqu’il avait été nommé par le président intérimaire Foued Mbazaa, le 28 mars 2011 en remplacement de Farhat Rajhi. Il a occupé ce poste jusqu’au 24 décembre 2011, avant de devenir conseiller sécuritaire de Hamadi Jebali entre janvier 2012 et mars 2013.
Ingénieur agronome de formation, diplômé de l’université du Minnesota (USA), Habib Essid est également titulaire d’une maitrise en sciences économiques de la faculté de droit et des sciences économiques de Tunis.
Quand Habib Essid était chef de cabinet auprès du ministre de l’Intérieur en 1999, Ben Ali a été élu à 99,45% des voix
Habib Essid a occupé plusieurs fonctions au sein du ministère de l’Agriculture entre 1975 et 1997. Il est ensuite nommé chef de cabinet du ministre de l’Intérieur, durant quatre ans, jusqu’en 2001.
En 1999 Habib Essid s’est rendu complice de la falsification des élections présidentielles, lorsqu’il était chef de cabinet du ministère de l’Intérieur, d’après les déclarations de la Haute instance pour la réalisation des objectifs de la Révolution en 2011. Lors de ces élections, Zine el-Abidine Ben Ali avait obtenu 99,45% des voix.
En 2001, il est nommé à nouveau au ministère de l’Agriculture où il occupera le poste de Secrétaire d’Etat.
En 2004, il sera directeur exécutif du conseil oléicole international, poste qu’il occupera jusqu’en 2010.