Selon notre confrĂšre âAl Chrouroukâ, deux avocats : Ahmed Ben Hassana et MonoĂŽm Turki ont envoyĂ© avant-hier, vendredi, un huissier de justice afin de porter plainte contre le gouvernement tunisien reprĂ©sentĂ© par le premier ministre, Hamadi Jebali. Son tort ? Le gouvernement de transition ne fait rien pour contrecarrer les mouvements de contestation et les sit-in qui pullulent les rues et asphyxient une Ă©conomie quasiment sur les rotules.
En effet, les deux avocats reprochent au gouvernement sa tolĂ©rance, voire son laxisme au nom de la libertĂ© dâexpression pour sâopposer Ă lâanarchie et Ă la confusion qui rĂšgnent pratiquement sur tout le pays, depuis quelques semaines.
Les deux magistrats menacent de recourir aux articles 32 et 33 du Code pĂ©nal tunisien qui considĂšrent complice(s) tous « ceux qui, connaissant la conduite criminelle des malfaiteurs, exerçant des brigandages ou des violences contre la sĂ»retĂ© de lâĂtat, la paix publique… » (Article 32, paragraphe 5). Ainsi le gouvernement par son attitude attentiste et son laxisme serait complice de ces âmalfratsâ.
Dans le texte de lâavis envoyĂ© au gouvernement, nous pouvons lire ce qui suit: « Notre pays qui traverse une pĂ©riode transitoire historique consĂ©cutive Ă une rĂ©volution populaire contre la dictature, la corruption et le chĂŽmage. Et mĂȘme si les demandes de certains manifestants demeurent lĂ©gitimes et licites, les exiger Ă travers le recours Ă des manifestations dĂ©raisonnables les rendent illĂ©gales, notamment pendant une telle conjoncture. Et comme votre gouvernement refuse dâagir vis-Ă -vis de ces actes de vandalisme et de violence, refusant ainsi dâassumer ses responsabilitĂ©s lĂ©gales, politiques et historiques….nous serons amenĂ©s Ă porter plainte contre le gouvernement et les ministres concernĂ©s conformĂ©ment aux lois en vigueur », et ce, dans un dĂ©lai dâune semaine Ă compter de la date de cet avis.
Une âpremiĂšreâ en Tunisie : deux citoyens qui attaquent le gouvernement en justice. NĂ©anmoins, nous avons appris quâune rĂ©union aura lieu incessamment entre des hauts responsables du MinistĂšre de lâIntĂ©rieur et de la DĂ©fense et quâune campagne sera lancĂ©e dans les prochains jours afin de mettre fin Ă une anarchie qui nâa que trop durĂ©. Au vu de tous ces âimpatientsâ qui envahissent chaque jour les rues, du matin au soir, on se demande alors quelle pilule avaient-ils avalĂ©e ces 23 derniĂšres annĂ©es pour rester sourds-muets ?