Un grand stade à céder
Ou, du moins hypothéquer
Non, personne n’y croirait
Mais c’est la réalité
Selon les dernières données
De personnes bien informées
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Devrons-nous nous étonner
D’un pays surendetté
Qu’il fasse comme les menacés
Par des traites impayées
Parmi les gens peu aisés
Et qui se voient obligés
De s’passer de leur télé
Ou d’la machine à laver
Pour qu’ils puissent éviter
Le scandale de l’huissier
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Pourquoi s’étonner
On a bien cédé
Bien de sociétés
Au secteur privé
Pour pouvoir gonfler
Les caisses vidées
De l’Etat ruiné
Pourquoi donc râler
Pour un hypothéqué ?
Parce que l’acheteur
Est un étranger ?
Non, mais quelle idée !
L’argent, vous l’savez
Est une denrée
Sans identité
Le premier qui paie
Est mon allié
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Alors vendons ! Vendons, vendons !
Vendons la mer, vendons les champs !
Vendons les ports, vendons les mines !
Vendons les facs et les usines !
Vendons les trains et les avions
Les paquebots et les camions !
Vendons les forts et les palais
Plus les hôtels et les chalets !
Vendons, vendons ! Ne laissons rien !
Vendons, vendons ! Ça fait du bien
Et s’il le faut, vendons Carthage
Et les trésors d’notre héritage !
Vendons Dougga ! Vendons Kairouan
Et les vestiges de trois mille ans !
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Si on est malin
On vendra demain
Toutes ces p’tites îles
Calmes et tranquilles
Qui ne servent à rien
Plus de La Galite !
Plus de Zembretta !
Un «bled» en faillite
Ne peut faire que ça
Pour avoir des chèques
Des pays des cheikhs !
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Quand on aura tout liquidé
Et plus rien à hypothéquer
Nous deviendrons des locataires
Dans le pays de nos grand-pères
Et nous paierons notre loyer
Pour éviter d’être chassés
De nos maisons et de nos terres
Par les nouveaux propriétaires
A moins que dans les contrats
On n’ait vendu «chkaf et selaâ»
Toutes les richesses de l’Etat
Ainsi le pauvre citoyen
Serait aussi parmi les biens
Que l’on propose au client
Comme le bonus de dix pour cent
Ou comme les serfs du Moyen-âge
Un peu réduits à l’esclavage !
Adel LAHMAR