Le président de la République, Kaïs Saïed, a reçu ce mardi 25 février 2025 au palais de Carthage le ministre du Transport, Rachid Amri, pour discuter des grands projets liés aux transports publics.
Si la réunion a mis l’accent sur l’arrivée prochaine de 300 bus en provenance de Chine et l’accélération du processus de livraison de 200 autres bus en provenance de Suisse et de France, un dossier d’envergure a également été abordé : la création d’un train à grande vitesse (TGV) reliant le nord au sud de la Tunisie.
Kaïs Saïed a souligné l’importance stratégique de ce projet ferroviaire, qui ne se limite pas à l’amélioration du transport public, mais vise également à dynamiser l’économie nationale. Il a rappelé avoir ordonné l’accélération de sa mise en œuvre et insisté sur son rôle structurant pour le pays. Déjà en janvier 2022, l’ancien ministre du Transport, Rabii Mejidi, avait annoncé le lancement des études préliminaires pour ce projet.
Un budget 2025 qui fait l’impasse sur le TGV
Cependant, malgré l’ampleur de cette ambition présidentielle, le budget de l’État pour 2025 ne prévoit aucun financement pour le TGV Nord-Sud. Le ministère du Transport, dont l’enveloppe budgétaire dépasse 1,076 milliard de dinars, consacre ses investissements à la modernisation de certaines lignes ferroviaires, notamment la ligne 6 reliant Tunis à Kasserine, ainsi qu’à des travaux sur le réseau du métro et du RFR. Aucun fonds n’est cependant alloué à de nouveaux investissements ferroviaires stratégiques, ni à Tunisair, ni au port en eau profonde d’Enfidha, ce qui pose la question de la faisabilité réelle du projet de TGV.
Un coût estimé entre 5 et 6 milliards d’euros
Au-delà des considérations budgétaires immédiates, le coût global du projet s’annonce colossal. À titre de comparaison, la première Ligne à Grande Vitesse (LGV) mise en service au Maroc en 2018, reliant Tanger à Kénitra sur 186 kilomètres, a nécessité un investissement de plus de 2 milliards d’euros. Le projet tunisien, qui couvrirait près de 500 kilomètres, pourrait voir sa facture tripler pour atteindre une fourchette estimée entre 5 et 6 milliards d’euros.
Porté par une vision de modernisation et de désenclavement des régions, ce projet de train rapide pourrait transformer la mobilité et stimuler les échanges commerciaux en Tunisie. Mais sans financement concret, il risque de rester à l’état de promesse.