Lors du 8ᵉ congrès national de médecine générale et de médecine familiale, organisé du 23 au 25 octobre 2025 à Hammamet, un constat glaçant a été dressé : la fuite massive des médecins tunisiens vers l’étranger.
Selon le docteur Abdelaziz Hamdane, membre de l’Association tunisienne de médecine générale et de médecine familiale, 1 600 médecins sur 1 900 issus de la dernière promotion ont choisi de s’installer en Europe.
Ce chiffre illustre à lui seul l’ampleur du phénomène migratoire qui touche le corps médical tunisien, notamment les jeunes praticiens fraîchement diplômés, attirés par de meilleures conditions salariales, un environnement professionnel plus valorisant et des perspectives de carrière plus stables.
Le président de l’association, le docteur Habib Jerbi, a rappelé que le pays traverse déjà une phase critique marquée par le vieillissement de la population – les plus de 60 ans représentent désormais 17 % des Tunisiens – et qu’il sera bientôt urgent de renforcer la médecine de proximité et la prise en charge des maladies chroniques. Or, cette mission devient quasi impossible avec un exode continu des compétences médicales.
Les participants au congrès ont tiré la sonnette d’alarme sur les conséquences directes de cette hémorragie humaine : raréfaction des médecins dans les régions intérieures, surcharge dans les hôpitaux publics et difficultés d’accès aux soins primaires.
Le docteur Hamdane a insisté sur le paradoxe que vit aujourd’hui la Tunisie : « Notre formation est reconnue et recherchée à l’étranger, mais notre système ne parvient plus à retenir ses talents ».
Face à cette fuite continue, les experts appellent à une réforme structurelle de la politique de santé, axée sur la valorisation du rôle du médecin généraliste, l’amélioration des conditions de travail et la reconnaissance de la médecine familiale comme pilier de la couverture sanitaire universelle.
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