Un mouvement de protestation sera organisé, ce jeudi 17 avril 2025, devant le siège du ministère de la Santé à Tunis. Les médecins, dentistes et pharmaciens du secteur public y observeront un sit-in pour dénoncer la dégradation continue de leurs conditions de travail et l’absence des moyens nécessaires à un service de santé respectueux des normes professionnelles.
Ce sit-in est organisé conjointement par la Fédération générale de la santé, le syndicat des médecins, pharmaciens et dentistes hospitalo-universitaires, ainsi que le syndicat général de la santé publique avec pour objectif d’attirer l’attention des autorités sur un climat de plus en plus délétère dans les établissements de santé, aggravé par le manque de ressources humaines et matérielles.
Interrogé par l’agence TAP, Imed Khlifi, secrétaire général du syndicat général des médecins, pharmaciens et dentistes de la santé publique, a pointé du doigt une situation alarmante. Il cite notamment l’affaire tragique de 2019, celle des nouveau-nés décédés à l’hôpital La Rabta, comme symbole criant des défaillances du système.
Dans cette affaire, qui a profondément choqué l’opinion publique, 14 nourrissons prématurés ont perdu la vie. Récemment, la chambre correctionnelle de la cour d’appel de Tunis a condamné trois cadres de l’hôpital à huit mois de prison pour chacun des cas, ce qui pourrait représenter plus de dix ans de prison au total. Les condamnés devront en outre verser une indemnité de 30 000 dinars à chaque famille concernée.
Les accusés – la directrice du centre de maternité et de néonatologie, le directeur de la maintenance et le chef du service de pharmacie – n’ont pas été, selon Khlifi, jugés dans des conditions équitables. Il affirme que le tribunal n’a pas pris en compte le rapport d’expertise disculpant les prévenus et n’a pas tenu compte des graves insuffisances structurelles et logistiques de l’hôpital.
« Il est injuste de faire porter à des individus la responsabilité d’un échec systémique », déclare Khlifi, soulignant que plusieurs médecins craignent aujourd’hui d’assumer des responsabilités face à un environnement de travail jugé dangereux et imprévisible.
Le syndicat appelle à fixer des critères techniques clairs pour évaluer la qualité des prestations médicales, et réclame une augmentation urgente des budgets alloués aux structures sanitaires, en particulier les maternités et les services de néonatologie. Il appelle également à un renforcement significatif des effectifs médicaux et paramédicaux, afin de garantir des soins de qualité et d’éviter que de telles tragédies ne se reproduisent.