Le processus d’orientation universitaire en Tunisie traverse une zone de turbulences après la révélation d’un grave dysfonctionnement ayant touché douze bacheliers originaires du gouvernorat du Kef.
Ces derniers, parmi les plus méritants de leur région, ont été orientés vers des filières qu’ils n’avaient pas choisies. Une affaire qualifiée de « mystérieuse et inquiétante » par les familles et les observateurs, d’autant qu’elle touche des élèves brillants comme Mohamed Abidi, reçu au bac avec une moyenne de 18 sur 20.
Selon un responsable au ministère de l’Enseignement supérieur et de la Recherche scientifique cité par Mosaique FM, cette « mystérieuse injustice » n’est pas due à une erreur administrative, mais à une manipulation délibérée des données personnelles des élèves. Les modifications auraient été effectuées dans un centre public d’internet, avec un changement des choix initialement saisis par les candidats eux-mêmes.
Alertée par les témoignages et les publications des élèves concernés, l’administration a ouvert une enquête en coordination avec le ministère des Technologies de la communication et celui de l’Éducation. Grâce à une traçabilité numérique, les services ont pu identifier l’adresse IP utilisée ainsi que le moment précis de l’intrusion.
Réparation en cours et enquête judiciaire
Le ministère a assuré qu’une procédure de réparation est en cours, étudiant chaque dossier cas par cas afin de réorienter les élèves selon leurs choix légitimes et leur classement. Le ministre de l’Enseignement supérieur, Mondher Belaïd, aurait personnellement contacté certains des élèves victimes, leur garantissant qu’ils seront rétablis dans leurs droits, comme dans le cas de Mohamed Abidi, à qui une place en faculté de médecine devrait être attribuée.
En parallèle, des poursuites administratives et judiciaires ont été annoncées à l’encontre des auteurs de ce sabotage numérique. Le ministère qualifie ces actes d’ »sabotage délibéré visant à perturber le bon déroulement de l’orientation universitaire ».
Un élan de solidarité nationale
Le cas de Mohamed Abidi a suscité une vive émotion sur les réseaux sociaux, où le jeune homme a publié un message de gratitude à l’égard de tous ceux qui ont soutenu sa cause : citoyens, médias, et responsables. « Ce droit, je ne l’ai pas perdu parce que je l’ai demandé », a-t-il écrit, ému, saluant l’élan de solidarité nationale.
Cet incident soulève des questions fondamentales sur la sécurisation des plateformes numériques publiques, en particulier lors de procédures aussi sensibles que l’orientation universitaire. La confiance dans le système repose sur la garantie que les choix des élèves ne puissent être altérés, que ce soit par négligence, erreur ou acte malveillant.
En attendant les résultats définitifs de l’enquête, l’affaire du Kef rappelle que même les systèmes automatisés et centralisés ne sont pas à l’abri des abus. Elle met aussi en lumière la nécessité de vigilance et de supervision humaine dans tout processus numérique impliquant les droits fondamentaux des citoyens, en particulier des jeunes en quête d’avenir.