Tunis Hebdo | En cette fin de Ramadan, et alors que le projet d’un gouvernement d’union nationale est encore une illusion de l’esprit, une idée qui semble encore loin de pouvoir se concrétiser en raison d’une démarche incohérente et de l’absence d’une éthique respectueuse des valeurs politiques les plus élémentaires, nous avons orienté notre intérêt sur divers mœurs politico-sociales qui semblent s’être incrustées dans notre pays.
Nous commencerons par les nouvelles mœurs qui se développent contre toute logique depuis ce changement de l’après 14 janvier 2011. A ce sujet, il convient de relever les mutations qui caractérisent le fonctionnement des institutions, contraires à toutes les règles à la fois juridiques y compris les règles constitutionnelles, et morales.
Un dangereux précédent
Ainsi, il semblerait que les premiers responsables de quelques institutions à l’instar de la Banque Centrale ou de l’Instance Vérité et Dignité auraient présenté leurs rapports non seulement au Président de la République mais aussi, et en premier paraît-il, au président d’Ennadha, Rached Ghannouchi.
Il s’agirait là d’un dangereux précédent, ces rapports doivent être seulement être remis au Chef de l’Etat, comme l’exigent les règles, ensuite transmis aux autres institutions constitutionnelles au sein de l’Etat, avant d’être mis à la disposition de l’opinion publique par leur publication sur leurs sites officiels respectifs ou au Journal Officiel de la République Tunisienne (JORT).
Accorder la « primeur » à Ennahdha et à son leader constitue une grave irrégularité qui exprimerait en réalité seulement une marque d’allégeance politique de leurs auteurs…
Restons toujours avec ce rapport de la Banque Centrale qui tire la sonnette d’alarme en appelant le pouvoir exécutif à prendre des mesures urgentes pour tenter de réduire le déficit de la balance commerciale et de préserver nos réserves en devises.
Aucune mesure ou restriction à l’égard
de nos importations incontrôlées de Chine ou de Turquie
Il semblerait que parmi les propositions suggérées par nos vénérables gardiens du « temple » économique et financier figurent, notamment, quelques règles restrictives auxquels seraient astreints les techniciens ou les joueurs étrangers des clubs de football professionnel en matière de transferts d’argent.
Sur ce plan, l’on doit attirer l’attention que les chiffres se rapportant à cette catégorie de personnes ne sont qu’une goutte d’eau dans un océan. En revanche, on ne prévoit aucune mesure ou restriction digne de ce nom à l’égard de nos importations incontrôlées de Chine ou de Turquie qui se chiffrent à elles seules à plus de deux mille milliards et qui nous coûtent, en plus, une destruction systématique de quelques-unes des entreprises nationales dans plusieurs secteurs comme le textile par exemple.
Des détenus agglutinés derrière les barreaux de leurs cellules
Continuons dans cette « logique » pour relever la puérilité de certaines initiatives comme cette inauguration d’un taxiphone à la prison de Mahdia, puis cette image venant d’une autre époque avec cette table dressée en l’honneur du ministre de la Justice et des responsables avec dans leur dos celle des détenus agglutinés derrière les barreaux de leurs cellules.
Ou encore cette incroyable maladresse du service de communication de la présidence du gouvernement qui avait tenté, dans un premier temps, de nier l’information relative à l’hospitalisation de Habib Essid, avant de se rétracter, reconnaître la véracité de l’information et ainsi se déjuger !
De même, on ne peut passer sous silence qu’un simple malentendu entre deux individus se transforme en crise nationale à l’instar de ce qui s’est passé dans l’affaire du postier de Tozeur avec le blocage d’un service public pendant quelques jours et qui aura probablement coûté à la communauté nationale quelques centaines de millions sans oublier les désagréments aux usagers…
On ne peut aussi ignorer les « transferts » politiques qui se poursuivent à un rythme soutenu. Il ne se passe pas pratiquement un laps de temps sans évoquer le passage d’un député d’un groupe parlementaire à un autre, ou le retour de l’un d’eux au groupe de ses premières « amours ».
Enfin, et le plus grave, c’est cette propension de nos hommes politiques à transmettre leur « patrimoine » à leur progéniture, donnant la priorité à leurs intérêts étroits et familiaux par rapport à l’intérêt général même s’il s’agit de l’intérêt du pays.
Au repos (quasi-total) au cours de cette semaine
Enfin, alors que notre économie croule dans une crise sans précédent, dans une forme d’indifférence quasi-générale, notre pays sera au repos (quasi-total) au cours de cette semaine.
Au lieu de voir le gouvernement prendre une décision audacieuse et assumer ses responsabilités en appelant les citoyens à un effort spécial et particulier pour tenter de redresser la barre, le voilà qu’il décrète trois jours de congé à l’occasion de l’Aïd. Avec le système « des ponts » cher à nos compatriotes, soyons certains que l’on chômera une dizaine de jours !
Ce sont là quelques « perles » devenues malheureusement quasi-quotidiennes qui témoignent à la fois d’une incapacité politique et de l’incompétence technique des gouvernants actuels. Vivement le changement attendu.
Des « perles » devenues quasi-quotidiennes
Mais, et avant de terminer, et comme de coutume, nous livrons une brève appréciation sur l’année universitaire et scolaire qui a connu moins de problèmes que celle écoulée, et au cours de laquelle les résultats, notamment au baccalauréat, mais aussi dans les autres cycles de l’enseignement, semblent s’être sensiblement améliorés.
Nous ne pouvons donc que féliciter les lauréats en souhaitant qu’ils développent encore davantage leur savoir, approfondissent leurs connaissances et acquièrent les éléments nécessaires pour apprendre à réfléchir de manière rationnelle. On félicite aussi leurs parents, notamment les mamans qui se sont sacrifiées pour encadrer et accompagner leurs enfants sur le chemin de la réussite et du succès.
Joyeux Aïd à tous!!!
L.L.