Lors d’une interview accordée à Radio Shems FM, jeudi 6 août 2015, le ministre de la Justice, Mohamed Salah Ben Aïssa, est revenu les demandes de révision du procès de Maher Mannaï, condamné à mort en 2004 pour meurtre. Pour lui, sur le plan juridique la décision du tribunal est irréprochable au vu des preuves à sa disposition. Il a déclaré qu’on ne pouvait pas obtenir la révision d’un procès sur la base de simples déclarations.
Le scénario de probablement l’une des plus grandes erreurs judiciaires du pays n’est pas près de se terminer.
Rappel des faits: Le destin de Maher Manaï bascule le 6 septembre 2003, quand un meurtre est commis dans son voisinage. Il est arrêté, brutalisé et forcé à signer des aveux. En décembre 2004, il est condamné à mort.
9 ans plus tard, en février 2012, Badreddine Shili arrive à la prison de la Mornaguia, à Tunis. Il se vante auprès de ses codétenus d’avoir été complice d’un meurtre, à Sfax pour lequel il n’a jamais été inquiété, meurtre pour lequel « un pauvre coiffeur du Kef » a été condamné à mort…
Maher Manaï fait partie des codétenus de Shili et assiste à ses aveux en direct. Il mandate un avocat, M° Faouzi Laâbidi, qui dépose plainte le 24 mars 2012 auprès du procureur de la République pour demander la réouverture de l’enquête. Badreddine Shili confirme ses aveux aux policiers chargés de l’enquête et dénonce même son complice. Sa déposition est consignée dans un procès-verbal le 28 août 2012.
Depuis, plus rien. Maher Manaï est toujours en prison. Sa peine avait été commuée en peine de réclusion à perpétuité, il ne risque donc plus de mourir par pendaison mais il n’est cependant pas libérable avant 2023. Cela fait déjà 12 ans qu’il est en prison pour un crime que quelqu’un d’autre a avoué avoir commis et il est bien parti pour y rester encore 8 ans, puisque, apparemment, même des aveux consignés dans un procès-verbal ne suffisent pas à faire réparer une erreur judiciaire…