L’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT) aurait demandé l’organisation d’élections anticipées si la crise persiste. C’est dans ce contexte que le ton est monté, hier, entre la centrale syndicale et le président de la République.
Pour comprendre ce qui s’est passé hier, il faut faire un retour en arrière ! Le 15 juin, le président de la République, Kais Saied a reçu le chef du gouvernement actuel, Hichem Mechichi ainsi que les anciens, Ali Laarayedh, Elyes Fakhfakh et Youssef Chahed.
Un dialogue inédit ?
Il s’agissait d’une importante rencontre sur le chemin de la concrétisation de l’initiative du dialogue national et les moyens permettant de sortir de la crise politique, économique et sociale sachant que le chef de l’Etat, censé superviser ce dialogue, a, à maintes reprises, refusé la participation de certaines parties.
Mardi, Kais Saied s’est déclaré en faveur d’un dialogue, considérant toutefois qu’il ne s’agira pas d’un dialogue national comme les précédents.
« Le dialogue ne peut être abordé de la même manière que les anciens dialogues. Les vrais patriotes n’organisent pas de réunions à l’étranger en vue de trouver un moyen pour écarter le président de la République même en l’assassinant », avait lancé Kais Saied.
L’UGTT se rétracte
Lors de cette rencontre, Kais Saied a surtout évoqué la nécessité d’effectuer des réformes politiques touchant le Code électoral et certains articles de la Constitution car, selon lui, le système actuel a montré ses limites en menant à de nombreux blocages.
Hier, Kamel Saad, secrétaire général adjoint de l’UGTT, a annoncé que la centrale syndicale avait décidé de retirer l’initiative de dialogue national au président de la République, soulignant que l’UGTT mènera un dialogue sans aucune intervention.
Quelques heures plus tôt, le chef de l’UGTT, Noureddine Taboubi s’était montré en colère contre les déclarations de Kais Saied qui a considéré que le dialogue national de 2013 n’était pas réellement « national » et a eu lieu après l’intervention de pays étrangers.
Le spectre des élections anticipées
Taboubi a souligné que ce sont les organisations nationales qui ont mené le dialogue, insistant que durant cette crise, l’UGTT n’est pas seulement un médiateur mais un acteur principal.
Puis, en marge d’une réunion du comité administratif de l’UGTT, Noureddine Taboubi revient sur les propos de Kamel Saad et annonce, cette fois, que la centrale syndicale ne retirera pas cette initiative au président de la République.
Taboubi a également appelé le Chef de l’Etat à lancer l’initiative de dialogue qui est toujours entre ses mains et à jouer son rôle et assumer ses responsabilités et a également, demandé l’organisation d’élections anticipées si la crise persiste.
Kais Saied réagit
Suite à toute cette tension, le président de la République, Kais Saied, a, à son tour, réagit, depuis Rome, annonçant qu’il reste ouvert au dialogue et a démenti les allégations selon lesquelles il aurait qualifié certaines parties tunisiens de « non patriotiques » en réponse aux accusations de l’UGTT.
Il a souligné qu’il n’était pas prêt à un dialogue dans un contexte de spoliation des avoirs du peuple et rappelé l’impératif de récupérer les fonds pillés, afin de parvenir à assurer la reprise économique et de se concentrer sur les véritables problèmes urgents du peuple tunisien.