Le sort de l’aéroport international de Tunis-Carthage est désormais fixé. Après des années de spéculations, de rapports techniques et d’annonces contradictoires sur un éventuel déplacement ou une extension majeure, le président de la République a mis fin au suspense : l’aéroport restera à son emplacement actuel.
Cette annonce, faite hier, enterre définitivement l’idée d’un transfert de l’aéroport vers une zone moins urbaine, comme cela avait été envisagé par plusieurs gouvernements successifs depuis plus d’une décennie. La saturation de l’infrastructure, enclavée au cœur d’un tissu urbain dense, avait pourtant alimenté le débat sur sa relocalisation.
Certains experts plaidaient pour une solution ambitieuse : construire un nouvel aéroport international loin du centre de Tunis, dans une zone mieux connectée aux axes de développement du pays.
Tunis-Carthage, principal aéroport du pays, concentre une grande partie du trafic aérien national. Construit dans les années 1940, il peine à répondre aux exigences du trafic moderne, tant en termes de capacité que de logistique. En 2023, il avait accueilli plus de 6 millions de passagers, frôlant ses limites opérationnelles.
Une décision politique et symbolique
Le site est souvent pointé du doigt pour ses retards, ses difficultés d’accueil et ses possibilités limitées d’expansion en raison de sa proximité immédiate avec la ville. Des rapports successifs avaient évoqué l’impossibilité d’élargir les pistes ou d’aménager des zones de fret, sans provoquer de lourdes conséquences urbanistiques ou environnementales.
« L’aéroport de Tunis-Carthage ne sera pas déplacé », a tranché le chef de l’État. Pour les partisans du maintien, cette décision est perçue comme une manière de préserver l’histoire et la symbolique du lieu, porte d’entrée de la capitale et de l’État. Mais elle suscite aussi des interrogations sur l’avenir de la gestion des flux aériens et sur la vision à long terme du pays en matière d’infrastructures de transport.
Et maintenant ?
Le maintien de l’aéroport à sa position actuelle oblige les autorités à envisager des travaux de réhabilitation lourds. Une modernisation des terminaux, un renforcement des services au sol, et une meilleure connexion avec les réseaux de transport urbain sont désormais des priorités incontournables. À défaut d’un nouvel aéroport, c’est toute la logistique autour de Tunis-Carthage qu’il faudra repenser pour éviter l’asphyxie.
Cette annonce intervient alors que la Tunisie cherche à relancer son attractivité touristique et économique. Si certains y voient un choix pragmatique compte tenu des contraintes budgétaires du pays, d’autres regrettent un manque de vision pour les décennies à venir.