Le secteur touristique tunisien est en pleine tourmente après l’adoption de la nouvelle loi sur les chèques. Les agences de voyages, qui comptaient sur le paiement différé pour leurs transactions, peinent à trouver des alternatives viables.
Le président de la Fédération tunisienne des agences de voyages et de tourisme, Ahmed Bettaïeb, n’a pas tardé à alerter sur les répercussions de cette nouvelle législation, estimant qu’elle a entraîné une baisse de 30% du chiffre d’affaires des agences de voyages. Une situation préoccupante pour un secteur qui représente une part importante de l’économie.
« La loi sur les chèques n’est pas le problème en soi, mais l’absence d’alternatives pour le paiement différé en est le véritable frein », explique-t-il dans une déclaration accordée aujourd’hui sur les ondes de Mosaique fm. En effet, les agences de voyages se sont historiquement appuyées sur le paiement différé, permettant aux clients de régler leurs achats en plusieurs fois, notamment pour les billets d’avion, les séjours ou les circuits touristiques.
Les alternatives existantes, telles que les cartes de crédit ou les traites bancaires, ne répondent pas aux attentes des agences. Les cartes bancaires, souvent limitées à un délai d’un mois, ne permettent pas de proposer des facilités de paiement prolongées, alors que les traites exigent un compte bancaire, ce qui exclut de nombreux clients potentiels.
« Le système bancaire ne nous propose pas d’alternatives. Les traites imposent au client d’avoir un compte bancaire alors que les cartes bancaires ne proposent pas de délais allant au-delà d’un mois. Ce ne sont pas des cartes de crédit de trois ou six mois. Nous aimerions avoir des alternatives pour accorder des facilités aux clients », a-t-il souligné.
Les professionnels du secteur soulignent également que ces solutions alternatives comportent des frais supplémentaires et des intérêts, ce qui va à l’encontre de leur objectif : offrir des solutions de paiement sans coût additionnel pour le client. « Nous avons besoin d’une solution qui permette au client de payer son voyage sans frais supplémentaires, avec des facilités adaptées à la réalité du secteur », indique-t-on du côté des agences.
En dépit de ces difficultés, les responsables du secteur continuent de se montrer optimistes pour l’avenir. Selon les données de la Banque centrale de Tunisie, la dernière saison touristique a généré près de 7 milliards de dinars de recettes. L’objectif pour cette saison est de maintenir ces chiffres et d’accueillir environ 10 millions de visiteurs.
Bettaïeb est convaincu que cet objectif est atteignable à condition de miser sur la qualité des services plutôt que la quantité. « Nous cherchons à attirer des touristes qui génèrent de meilleures recettes, et non simplement un grand nombre de visiteurs », affirme-t-il. Pour y parvenir, les agences de voyages cherchent à renforcer leur offre de services tout en ajustant leurs prix pour répondre aux attentes des voyageurs internationaux.
Le secteur attend désormais de nouvelles mesures de la part des autorités, notamment des mécanismes de paiement alternatifs qui permettent aux clients de bénéficier de solutions de financement souples, sans coût supplémentaire. Les acteurs du secteur plaident ainsi pour une collaboration accrue avec les banques et les sociétés de financement afin d’offrir des solutions adaptées aux besoins du marché.