L’Association des magistrats tunisiens (AMT) a appelé, samedi 16 août 2025, à la libération immédiate du juge Mourad Messaoudi, arrêté la veille par des agents de sécurité en civil devant son domicile à Ezzahra, et à la réouverture des dossiers des magistrats révoqués en 2022.
Dans un communiqué publié sur sa page Facebook et relayé par l’agence TAP, l’AMT affirme que des agents de sécurité ont intercepté Messaoudi alors qu’il se trouvait avec sa fille, usant de violence contre lui et certains membres de sa famille, dont des enfants. Le magistrat aurait été emmené vers une destination inconnue, ce que l’association considère comme une « grave atteinte aux garanties légales » prévues par la Constitution et la loi pour les poursuites visant un juge.
Mourad Messaoudi faisait partie des 57 magistrats révoqués par le décret présidentiel n°516 du 1er juin 2022, une mesure suspendue pour lui par un jugement de la Cour administrative en août 2022, lui restituant son statut et l’immunité qui en découle.
Le parquet a émis un mandat de recherche contre lui le 14 août 2025, dans le cadre d’une enquête sur de présumés achats de parrainages pour la présidentielle de 2024.
Condamnation et inquiétudes
L’AMT « condamne fermement » l’arrestation, la qualifiant de « kidnapping » sous couvert d’une procédure judiciaire, et dénonce les violences alléguées contre le magistrat et ses proches. Elle affirme craindre un acharnement politique en raison des prises de position publiques de Messaoudi et de sa candidature à la présidentielle.
Elle réitère son appel à « élever le ton de la raison et de la sagesse » dans le traitement des dossiers des magistrats révoqués, et à respecter scrupuleusement les procédures légales pour toute levée d’immunité.
Aucune réaction officielle du ministère de la Justice n’avait été communiquée au moment de la publication.