Dans un communiqué cinglant publié ce mardi 22 avril 2025, le Conseil de l’Ordre national des avocats de Tunisie a exprimé une vive indignation face à ce qu’il considère comme de nombreuses irrégularités ayant entaché le très controversé procès dit de « l’affaire du complot contre la sûreté de l’État ». Un procès, qui a débouché sur des condamnations lourdes prononcées dans la nuit du 19 avril par la cinquième chambre criminelle du pôle judiciaire antiterroriste.
Le Conseil dénonce des violations des droits fondamentaux, pointant notamment l’absence de garanties procédurales élémentaires. L’Ordre estime que les principes d’un procès équitable – consacrés par la Constitution tunisienne et les traités internationaux ratifiés par la Tunisie – ont été gravement bafoués. Il souligne en particulier la non-observation du droit à la défense, le non-respect du principe du contradictoire et l’exclusion des prévenus de leurs propres audiences.
Le Conseil de l’Ordre s’est également élevé contre les poursuites engagées à l’encontre de l’avocat Ahmed Souab, placé en détention provisoire dans le cadre d’une instruction s’appuyant sur la législation antiterroriste, le code des télécommunications et le très controversé décret-loi 54.
A travers cette arrestation, l’Ordre voit une grave atteinte à la profession d’avocat et à l’exercice indépendant de la défense. Il dénonce une volonté manifeste de criminaliser l’expression des opinions.
Dans son communiqué, l’Ordre des avocats ne mâche pas ses mots : il tient le ministère de la Justice pour directement responsable de la dégradation alarmante de l’indépendance du pouvoir judiciaire.
Face à cette situation jugée préoccupante, l’Ordre national des avocats appelle à la libération immédiate de Me Ahmed Souab, placé hier en garde à vue, ainsi que de tous les professionnels – avocats, journalistes, membres de la société civile – détenus ou poursuivis pour avoir simplement exercé leurs droits fondamentaux.
L’organisation insiste sur la nécessité de respecter la présomption d’innocence et les garanties constitutionnelles, qui constituent le socle de toute justice équitable. Elle conclut son communiqué par un appel solennel à restaurer un climat de dialogue et de respect mutuel, au service de l’intérêt supérieur du pays.