Un Tunisien souffrant d’une déficience mentale est décédé, récemment, en détention, suscitant indignation et inquiétude quant au traitement des personnes vulnérables dans le système judiciaire tunisien. Selon le témoignage de l’avocat Mohamed Daoudi ayant suivi le dossier, son client, interné depuis 2010 à l’hôpital psychiatrique de Razi, a été impliqué à tort dans une affaire de trafic de drogue.
« Le prévenu ne pouvait pas se contrôler et n’avait aucune implication dans l’affaire », explique l’avocat. Pourtant, dès l’instruction policière, aucune mention de son handicap n’a été ajoutée au dossier, et il n’a jamais été entendu sur les faits qui lui étaient reprochés. Le 29 septembre 2025, un mandat de dépôt a été émis contre lui, sans même un interrogatoire préalable.
Durant sa détention, l’homme n’a pas reçu de soins, ni de nourriture ni ses médicaments. Les conditions étaient telles qu’il a été attaché et a subi des blessures importantes. L’avocat a multiplié les démarches auprès du juge d’instruction et du procureur pour demander un transfert vers un établissement médical, en invoquant la loi de 1992 sur les personnes vulnérables. Mais les autorités judiciaires ont systématiquement refusé ou retardé l’examen de sa situation, toujours selon les déclarations de l’avocat.
Le 3 octobre, l’avocat a encore présenté une demande pour un examen médical urgent, mais le juge a répondu qu’il n’était « pas compétent » pour traiter la requête. Deux jours plus tard, l’homme en question était mort en prison.
Cette affaire illustre les difficultés persistantes du système judiciaire tunisien, particulièrement depuis la condamnation à mort prononcée contre un autre citoyen pour un post sur les réseaux sociaux. Les observateurs dénoncent un manque de formation sur les droits des personnes vulnérables et un recours limité aux mesures alternatives à l’incarcération pour les détenus souffrant de troubles mentaux.
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