Le chef du gouvernement d’Union nationale, Youssef Chahed, aura une rencontre capitale voire cruciale ce lundi 10 octobre avec le secrétaire général de l’Union Générale Tunisienne du Travail (UGTT), Houcine Abassi.
Une rencontre présentée comme celle de la dernière chance entre les deux parties notamment sur le plan des majorations salariales. En effet, le Gouvernement a demandé à l’UGTT de retarder les négociations pour les augmentations salariales au titre de l’année 2017 à cause de la situation difficile par laquelle passe le pays.
La centrale syndicale a exprimé son refus de voir les travailleurs assumer seuls les conséquences des décisions politiques qui ont mené à cette situation difficile et considéré que la proposition du chef du gouvernement annule les négociations alors que le gouvernement est appelé à appliquer les accords conclus concernant les majorations pour 2014, 2015, 2016.
Rappelons que Youssef Chahed a évalué la situation économique comme étant « critique » afin de justifier une politique de rigueur. Pressé par le Fonds monétaire international, le gouvernement a donc proposé le gel des augmentations salariales jusqu’en 2019.
L’UGTT a refusé catégorique la proposition du chef du gouvernement tout en réaffirmant son refus de voir les salariés désignés comme les seuls boucs émissaires de la crise actuelle.
Le bureau exécutif de l’UGTT a en effet annoncé dans un communiqué publié le 5 octobre 2016 qu’il rejette tout retard ou annulation dans l’application des accords. Il a appelé le gouvernement a procédé au versement des majorations par tranches. Le fait de demander le gel des majorations est une fuite des engagements. C’est aussi une menace qui touche la paix sociale et une enfreinte aux principes inscrits dans le pacte de Carthage.
Si l’UGTT accepte le report des majorations pour 2019, le gouvernement aura la possibilité de toucher la deuxième tranche du crédit du FMI. En cas de refus, la tâche du gouvernement sera difficile car les autres institutions bancaires à travers le monde plient souvent aux conditions et aux politiques du FMI.
Mieux encore, l’UGTT a exhorté l’UTICA à respecter l’accord sur le démarrage des négociations sociales dans le secteur privé au titre des années 2016-2017 prévu pour le mois de mars 2016.
L’apaisement des tensions sociales, préalable au retour des investissements, constituait une des priorités de l’accord de Carthage. Pour couper l’herbe sous le pied de la centrale syndicale, le président de la République avait proposé de l’associer aux négociations. L’UGTT a clairement signifié qu’elle continuerait à jouer son rôle de contre-pouvoir.