Le Syndicat national des journalistes tunisiens (SNJT) a vivement dénoncé, ce vendredi 11 avril, l’exclusion de plusieurs journalistes – tunisiens et étrangers – de la salle d’audience du tribunal de première instance de Tunis 1, à l’occasion de la deuxième audience du procès dit du « complot contre la sûreté de l’État ». Une mesure jugée arbitraire et attentatoire aux droits fondamentaux liés à la liberté d’informer.
Selon un communiqué officiel du SNJT, les agents de sécurité postés à l’entrée du tribunal ont interdit aux journalistes d’accéder à la salle, sans fournir d’explications claires, se contentant d’évoquer de simples « instructions ». Les journalistes présents auraient tenté, en vain, de joindre le procureur de la République pour obtenir des éclaircissements.
Pour le SNJT, cette interdiction constitue une « violation flagrante de la liberté de la presse » et du droit d’accès à l’information. Le syndicat rappelle que l’article 143 du Code de procédure pénale tunisien garantit la publicité des audiences, sauf décision motivée du juge pour huis clos. Or, aucune notification officielle n’a été communiquée aux représentants des médias.
Dans sa déclaration, le syndicat dénonce une « politique discriminatoire à l’égard des médias » de la part de l’institution judiciaire, qu’il accuse de restreindre délibérément le travail des journalistes, notamment dans les affaires à forte portée politique.
Il appelle les autorités à respecter les principes de transparence et de redevabilité, en autorisant les journalistes à couvrir librement les procédures judiciaires, notamment dans une affaire aussi sensible que celle du « complot ».
Cette exclusion des médias intervient dans un contexte déjà tendu. L’audience a été suspendue temporairement en raison de tensions entre les avocats de la défense et le président du tribunal. Ces derniers protestaient contre l’interdiction faite aux familles des accusés et aux militants d’accéder à la salle.
Rappelons que cette affaire, qui remonte à février 2023, implique une quarantaine de personnes, dont des figures politiques de l’opposition, d’anciens ministres, des avocats, ainsi que des hommes d’affaires. Ils sont accusés d’avoir formé une entente dans le but de conspirer contre la sécurité intérieure et extérieure de l’État.