Depuis hier, un post publié par Azzam Soualmia sur Facebook suscite un vif élan de solidarité en Tunisie. Dans un long témoignage, ce jeune entrepreneur retrace six années de calvaire, entre gel de comptes bancaires, soupçons infondés et résilience à toute épreuve. En voici un résumé :
Tout commence en 2016. En tentant un simple retrait, Azzam découvre que tous ses comptes sont gelés par décision du Comité d’analyses financières de la Banque centrale, en raison de soupçons liés à certaines de ses transactions. Dirigé vers le pôle judiciaire financier, il apprend qu’une enquête est ouverte. Le juge d’instruction, qu’il décrit comme respectueux et patriote, lui explique que chaque mouvement d’argent doit être justifié.
S’ensuivent six années d’enquête. Sans accès au système bancaire, interdit de fonder ou de gérer une entreprise, Azzam voit tous ses projets s’effondrer. Il vend tout, jusqu’à sa bonbonne de gaz, et finit par devenir chauffeur improvisé devant une clinique, vivant de quelques dinars par course.
Avec les 15 000 dinars restants de la vente de sa voiture — et grâce à deux amis qui acceptent d’assumer la responsabilité juridique – il lance en 2016 la start-up Swiver, qui atteindra une valeur de sept millions de dinars en 2022. Interdit de gestion, il ne signe aucun document officiel, mais reste le moteur discret du projet, déterminé à faire de l’épreuve une réussite.
En 2022, l’enquête est classée sans suite. Aucune charge n’est retenue. Azzam retrouve ses droits et redevient légalement dirigeant de son entreprise. Tous les établissements bancaires débloquent ses comptes, à l’exception d’un : la banque islamique « verte », qui exige encore un certificat de non-appel.
Aujourd’hui, il attend simplement un appel d’un responsable de cette banque pour tourner la page. « Je ne cherche ni conflit, ni revanche », conclut-il, en remerciant tous ceux qui ont cru en lui, en particulier les clients de Swiver – désormais symbole de sa revanche sur l’injustice.