Un vent de renouveau souffle sur les régions du Nord-Ouest tunisien. Le 23 avril 2025, le gouvernement tunisien a officiellement lancé à Tunis le PARFD (Projet de promotion de l’agroforesterie et de restauration des paysages forestiers dégradés), un projet ambitieux destiné à restaurer des forêts dégradées et à favoriser l’agroforesterie dans les gouvernorats de Béja, Siliana et Bizerte. Ce programme porte une ambition claire : revitaliser les terres et les communautés rurales qui y vivent.
Avec un financement total de 23,72 millions de dollars (soit 73 millions de dinars), ce projet bénéficie d’un soutien majeur de la Banque africaine de développement (BAD), qui y consacre 17 millions de dollars via le Fonds stratégique pour le climat. Ce financement comprend un crédit à faible taux d’intérêt (1,11 % sur 20 ans, avec 8 ans de grâce) et un don de 3 millions de dollars. L’État tunisien apporte 6,06 millions de dollars, tandis que les bénéficiaires eux-mêmes contribueront à hauteur de 660 000 dollars.
Le tournant décisif a eu lieu en juin 2024, avec la signature de l’accord par la ministre de l’Économie, Feryel Ouerghi, et la directrice adjointe de la BAD pour l’Afrique du Nord, Malinne Blomberg. Depuis, la Direction générale des forêts, placée sous l’autorité du ministère de l’Agriculture, pilote la mise en œuvre du projet, prévu jusqu’en 2029.
Sur le terrain, les résultats attendus sont clairs : 33 200 hectares de forêts dégradées à restaurer, la création de 4 500 emplois verts et la formation de 42 000 personnes aux pratiques agricoles et forestières durables. Les activités envisagées incluent l’agroforesterie, le reboisement, l’apiculture, ainsi que la culture de plantes aromatiques et médicinales. Ces initiatives visent à diversifier les revenus des zones rurales tout en renforçant leur résilience face aux changements climatiques.
L’inclusion sociale est au cœur du projet, avec un tiers des bénéficiaires étant des femmes. En outre, pour lutter contre les incendies de forêts, un système d’alerte précoce sera mis en place pour protéger les ressources naturelles vulnérables.
Ce projet s’inscrit dans la continuité d’une dizaine d’années d’expériences similaires, allant de la gestion participative des forêts avec les groupements de développement (GDAP) à des initiatives de reboisement soutenues par des organisations telles que le PNUD ou la FAO. Le PARFD se distingue cependant par son approche intégrée, combinant écologie, économie et inclusion sociale, tout en répondant aux objectifs climatiques de la Tunisie, notamment l’engagement à réduire l’intensité carbone de 45 % d’ici 2030.