Alors que Tunisair continue d’accumuler les retards et les critiques, le président de la République, Kais Saied, a tranché : la compagnie nationale ne sera ni cédée ni démantelée.
Reçu lundi 12 mai par le chef de l’État, le ministre du Transport Rached Amari a évoqué la situation du transporteur aérien national, dans un contexte de forte tension opérationnelle.
Le président a appelé à une restructuration en profondeur de Tunisair, tout en réaffirmant le caractère stratégique de l’entreprise. « Nos institutions publiques ne sont pas à vendre », a déclaré Kais Saied, balayant les propositions de privatisation partielle ou de partenariat public-privé, pourtant régulièrement évoquées dans les milieux économiques.
Tunisair, aujourd’hui à bout de souffle, traverse une crise structurelle profonde et multidimensionnelle. Financièrement, la compagnie affiche un endettement cumulé supérieur à 1,3 milliard de dinars, aggravé par la faiblesse de la rentabilité opérationnelle.
Techniquement, la flotte est vétuste, avec une moyenne d’âge supérieure à 15 ans pour plusieurs appareils. Les pannes et les indisponibilités sont fréquentes.
Socialement, les tensions avec les syndicats paralysent toute réforme en profondeur. La masse salariale est considérée comme disproportionnée par rapport au volume d’activité.
En matière de gouvernance, la compagnie souffre d’un déficit de pilotage stratégique, accentué par des nominations politiques et une absence de continuité dans les plans de restructuration.
En l’état, Tunisair ne pourra survivre sans une intervention publique combinée à une réorganisation managériale rigoureuse.
Tunisair, une crise structurelle qui dure
2011 – Début du déclin : Après la révolution, Tunisair entre dans une zone de turbulences. La hausse des coûts d’exploitation, la baisse de fréquentation touristique et l’instabilité sociale affectent lourdement ses performances.
2015 – Endettement aggravé : La dette de la compagnie dépasse les 1 000 millions de dinars. Une restructuration est évoquée, sans aboutir à des mesures concrètes. La flotte vieillit, les grèves se multiplient.
2017 – Premier plan de sauvetage : Un plan de redressement est lancé : départs volontaires, renouvellement partiel de la flotte, mais il peine à être mis en œuvre en raison de tensions internes et de blocages syndicaux.
2020 – Choc du COVID-19 : La pandémie frappe de plein fouet. Le trafic s’effondre, les pertes se creusent. Tunisair reste à flot grâce à l’État, mais sans plan de relance opérationnel.
2023 – Nouveaux appels à la réforme : Face à la détérioration du service et aux retards récurrents, les critiques s’intensifient. Des voix s’élèvent en faveur d’une privatisation partielle ou d’un partenariat public-privé.
2025 – Refus présidentiel de privatisation : Kais Saied oppose un veto ferme à toute cession, affirmant que Tunisair restera une entreprise publique. Il appelle à des réformes structurelles et à un retour aux standards de qualité.