La libération de deux ministres de l’ancien régime, MM. Béchir Tekari et Abderrahim Zouari, ne semble pas du tout du goût de certains acteurs de la vie politique du pays. Parmi ces derniers, l’Observatoire Nationale de l’Indépendance de la Magistrature, par la voix de son Président, le juge Ahmed Rahmouni, a souligné,hier (samedi 10 novembre), sur les ondes de ShemsFM, son hostilité considérant que leur relaxe « suscite beaucoup d’interrogations en ce moment précis et n’est guère fondée sur des motifs sérieux ».
A ce sujet, Ahmed Rahmouni estime que « la poursuite des anciens dirigeants et symboles du régime déchu est fondamentale dans cette période demeure une obligation qui rentre dans la mise en œuvre de la justice transitionnelle. Cette relaxe se base sur la fin de la garde à vue alors que c’est l’arrêt des poursuites qui engendre cette fin de la garde à vue. »
Ahmed Rahmouni continue en disant que « dans le cadre de la transparence, il est nécessaire de continuer les poursuites contre ces dirigeants de l’ancien régime sur la base de véritables crimes, des atteintes aux droits de l’homme et non sur de simples affaires pénales de droit commun. Cette décision de leur libération semble annonciatrice d’un renoncement à la justice transitionnelle en prononçant l’innocence de ces symboles de l’ancien régime » ce qui risque de rendre inopérante cette justice transitionnelle, nécessaire dans ce contexte historique et conformes aux idéaux de la révolution.
Par ailleurs, le ministère de la Justice a démenti la libération de l’ancien secrétaire général du RCD, Mohamed Ghariani, qui avait fait le tour de la toile.
En revanche, des voix insistantes font état de la prochaine libération d’Abdelaziz Ben Dhia.
En fait, ces libérations n’auraient choqué personne si elles étaient rentrées dans un cadre général et dans un processus de justice transitionnelle. Bien au contraire, elles l’auraient introduites et ouvert la voie à la réconciliation nationale.
Il est donc légitime de s’interroger sur leurs véritables motifs. S’agit-il de décisions ayant émané d’un appareil judiciaire réellement indépendant ou bien partent-elles d’une quelconque intervention occulte de la majorité actuelle et d’une manœuvre destinée à attirer de nouveaux « supporters » politiques où à occulter les véritables débats qui doivent monopoliser l’attention des Tunisiens ?
Ce sont là des questions que l’on peut légitimement se poser dans le contexte actuel, et au moment où nous sommes plongés dans la rédaction de textes importants pour l’avenir de la démocratie dans notre pays, la discussion de la Constitution, de l’Instance Supérieure Indépendante des Elections et bientôt de la loi électorale.