Telle que présentée par le journal Achourouk du 19 mars 2012, l’information nécessite une réaction énergique et urgente de la part des autorités politiques, soit pour élucider la situation au moyen d’un droit de réponse convaincant soit pour rectifier le tir et délimiter les responsabilités.
Les faits remontent à l’année dernière et concernent le secteur du transport maritime, sinistré depuis très longtemps à cause de la mainmise des Trabelsi. Avec le limogeage de la bande des mafieux, une lueur d’espoir est apparue surtout après l’intervention de l’ambassade de Russie pour la relance des activités dans ce secteur.
Suite à cette intervention, un responsable russe a été délégué pour s’enquérir de la situation et se concerter avec l’administration et les professionnels concernés sur les solutions à mettre en œuvre. Parmi ces solutions, il a été envisagé de confier aux armateurs tunisiens le transport des produits pétroliers en provenance de la Russie.
Cette proposition peut cacher un enjeu économique ou bien s’inscrire dans le cadre d’une orientation politique. Mais, dès lors qu’elle ne compromet pas les intérêts et l’avenir de la Tunisie, elle mérite d’être prise au sérieux.
Alors que l’on s’attendait à des mesures palpables pour faire aboutir la solution et permettre ainsi le sauvetage de plusieurs sociétés de transport maritime, qui emploient des milliers de personnes, une décision curieuse a vu le jour. Le plus simplement du monde, il a été instruit de remplacer le fournisseur russe par un fournisseur hollandais en lui accordant, de surcroît, la faveur d’assurer aux frais de la collectivité nationale le transport des produits importés.
La dernière lueur d’espoir qui s’est présentée pour dynamiser le secteur s’est volatilisée sur simple décision administrative. Les transporteurs maritimes se trouvant pour la plupart en léthargie et en cessation de paiement, vont devoir déposer les bilans au détriment de leurs créanciers et mettre au chômage des milliers de personnes au moment où il est requis de créer des centaines de milliers d’emplois.
Outre la perte d’espoir provoquée par cette étrange décision, sa mise en application est de nature à rejaillir sur le coût des importations des produits pétroliers. Autrement, cela peut aggraver l’hémorragie de devises et la situation sur le marché local, déjà assez critique avec la flambée des cours du pétrole et la révision à la hausse du prix des carburants prévue dans le cadre de la loi des finances complémentaire.
Le Président de la République, mis au courant de l’affaire, a chargé son conseiller, Chawki Abid, d’enquêter sur la question et tout le monde attend impatiemment les résultats de cette enquête. Entre temps, des millions de dinars partent en fumée.