La Tunisie se trouve à un carrefour crucial dans le développement de son secteur des transports publics, jonglant entre partenariats chinois et français pour moderniser sa flotte de bus. Le récent voyage du président Kais Saied en Chine a ouvert de nouvelles perspectives, notamment pour l’importation rapide de bus neufs et la création d’une ligne ferroviaire traversant le pays du nord au sud.
Cependant, la France n’a pas dit son dernier mot. L’ambassadrice de France en Tunisie, Anne Gueguen, a affirmé lors d’une entrevue vendredi soir avec le ministre des Transports, Rachid Amri, que la France est disposée à renforcer la coopération avec la Tunisie dans le secteur du transport. Cette rencontre, qui s’est tenue en présence d’une délégation de l’Agence française de développement (AFD) et d’un représentant du ministère des Affaires étrangères, de l’Immigration et des Tunisiens de l’étranger, souligne l’importance stratégique de ce partenariat pour les deux nations.
L’expérience des bus d’occasion français
La Tunisie a déjà fait l’expérience de l’importation de bus d’occasion français. Cette décision a été motivée par des contraintes budgétaires, les bus d’occasion coûtant significativement moins cher que des modèles neufs. Pour donner un aperçu, en août 2023, la Société des transports de Tunis (Transtu) a reçu un deuxième lot de 47 bus usagés de la RATP, dans le cadre d’un achat total de 300 véhicules. L’achat a coûté plus de quatre millions et demi d’euros, tandis que le prix d’un bus neuf se situe entre 120 et 135 mille euros. Rappelons que Transtu a déjà acquis ce type de bus entre 2015 et 2017 : nombre d’entre eux sont encore en service aujourd’hui.
Bien que ces bus d’occasion soient certifiés écologiques et conformes aux normes Euro 5, le débat persiste sur l’équilibre entre coût et qualité. Certains critiquent l’arrivée de véhicules usagés, parfois encore aux couleurs parisiennes, tandis que d’autres soulignent la nécessité pragmatique de renforcer rapidement le parc de transport public.
Perspectives d’avenir
L’ancienne ministre de l’Équipement et de l’Habitat, Sarra Zaafarani, a annoncé qu’un nouveau lot de bus usagés français serait livré après les Jeux Olympiques de Paris 2024. Toutefois, elle a également souligné l’importance de réfléchir à l’acquisition de bus neufs à l’avenir.
Cette situation illustre la stratégie que le gouvernement a instaurée pour faire profiter la Tunisie des transports et alléger les problèmes du quotidien, tout en visant à augmenter la part modale des transports collectifs par rapport au niveau de 2002 (40%). Le choix s’articule entre privilégier des solutions immédiates et économiques avec des bus d’occasion, ou investir dans des véhicules neufs, potentiellement plus durables à long terme.
L’offre chinoise de bus neufs pourrait représenter une alternative intéressante, combinant modernité et potentiellement des conditions financières avantageuses.
A noter que lors d’une réunion tenue au palais de Carthage mardi dernier, le président de la République, Kaïs Saïed, a examiné avec le chef du gouvernement, Kamel Maddouri, qui venait de participer en Chine au Forum sino-africain, plusieurs projets importants pour le développement dont notamment l’acquisition rapide de bus pour le transport public, le lancement d’un train à grande vitesse reliant le nord et le sud du pays.