La démocratie tunisienne est de plus en plus observée à l’international. Au Congrès américain, plusieurs initiatives législatives ont vu le jour depuis 2023, traduisant l’inquiétude de Washington face à ce qu’elle appelle reculs démocratiques constatés en Tunisie. Le texte le plus emblématique est le Safeguarding Tunisian Democracy Act (S.2006), introduit au Sénat en juin 2023.
Son objectif eest de conditionner une partie de l’aide américaine à des progrès démocratiques concrets en Tunisie, tout en soutenant la société civile et en créant un fonds dédié au renforcement des institutions.
De quoi s’agit-il exactement ?
Le projet de loi S.2006 prévoit deux volets majeurs :
- Un volet restrictif : réduction de 25 % de l’aide américaine gérée par le Département d’État destinée à la Tunisie (y compris une partie de l’assistance sécuritaire), tant que certaines conditions ne sont pas remplies.
- Un volet incitatif : création d’un fonds annuel de 100 millions de dollars (2024–2025) pour soutenir la démocratie tunisienne, notamment le parlement, la justice indépendante, les médias libres et les ONG.
Pour que ces fonds soient débloqués, le Secrétaire d’État américain doit certifier que la Tunisie a accompli des progrès crédibles en matière de libertés, d’État de droit et de gouvernance.
Une chronologie des initiatives au Congrès
- 15 juin 2023 : dépôt du projet S.2006 par les sénateurs Jim Risch et Bob Menendez.
- 25 juillet 2023 : adoption en commission sénatoriale et inscription au calendrier législatif.
- Juillet 2023 : la Chambre des représentants adopte une résolution (H.Res.613) exprimant un soutien symbolique aux valeurs démocratiques en Tunisie, tout en soulignant les inquiétudes liées à l’arrestation d’opposants et à la restriction des libertés.
- 26 juin 2025 : une nouvelle résolution (S.Res.310) est introduite au Sénat, confirmant la vigilance américaine vis-à-vis de la situation en Tunisie.
Quelles implications pour la Tunisie ?
Ce projet n’est pas anodin. Trois implications majeures peuvent être dégagées :
- Un signal politique fort : le Congrès place la Tunisie dans la catégorie des pays sous surveillance démocratique. Cela fragilise l’image internationale d’un pays longtemps présenté comme l’exception démocratique du monde arabe.
- Un impact financier potentiel : si les conditions ne sont pas respectées, Tunis risque de perdre une partie de l’aide américaine, notamment en matière de sécurité et de développement.
- Une opportunité de réformes : la création d’un fonds dédié pourrait au contraire encourager le renforcement des institutions démocratiques, à condition que les autorités tunisiennes saisissent cette chance.
Lire aussi : La Tunisie parmi les 69 pays visés par les nouvelles taxes douanières américaines