A la veille de sa visite officielle en Tunisie, le chef de la diplomatie tchèque Jan Lipavský s’exprime sur la solidité et la richesse du partenariat tuniso-tchèque. Relations économiques, coopération universitaire, ouverture culturelle et dialogue méditerranéen : le ministre met en lumière une relation qui dépasse les clichés touristiques, et aspire à un avenir fondé sur les échanges humains, l’innovation et le respect mutuel. Dans cette tribune, où il partage une vision personnelle et stratégique des liens unissant Prague et Tunis il revient sur les racines historiques, les affinités culturelles et les perspectives de coopération entre les deux pays.
En Tchéquie, la Tunisie incarne l’hospitalité, le soleil et les plages à perte de vue depuis plusieurs décennies. Des générations de Tchèques ont pris l’habitude de découvrir les merveilles de ce pays et se sont progressivement rendues compte que la Tunisie a bien plus à offrir que le paradis touristique. Elle est devenue un partenaire important pour nous, aussi bien dans les domaines traditionnels que dans les nouveaux domaines de coopération.
Ce lien a des racines plus profondes qu’il n’y paraît. Au début du siècle dernier, un jeune photographe du nom de Rudolf Lehnert, né dans les monts des Géants tchèques, s’est rendu en Tunisie, pays qui l’a captivé à tel point qu’il y est resté. Il a ouvert un studio de photographie et, pendant plusieurs dizaines d’années, il a capturé la vie des gens dans les déserts, les oasis, les marchés et les ports. Ses photos ont fait le tour du monde – et elles sont devenues le premier pont visuel entre nos deux cultures.
C’est en Tunisie que l’histoire de sa vie s’est achevée, lorsqu’il est mort à Carthage. Son œuvre nous rappelle encore aujourd’hui que deux nations peuvent réussir à se comprendre vraiment quand les gens commencent à voir les autres d’un point de vue différent.
Les relations entre nos deux pays ont été établies à l’époque de la Tchécoslovaquie et continuent de se développer avec succès. Aujourd’hui, les ponts entre la Tchéquie et la Tunisie sont construits par des entreprises, des écoles, des chercheurs et des voyageurs.
À première vue, nous sommes tous différents – la Tchéquie en Europe centrale, la Tunisie sur la côte sud de la Méditerranée. Mais en y regardant de plus près, nous avons plus de choses en commun que nous ne le pensons. Nous partageons une approche pragmatique du monde qui nous entoure, nous mettons l’accent sur la stabilité des relations de voisinage, sur une coopération fructueuse et sur l’ouverture à de nouvelles opportunités.
Notre partenariat repose sur des personnes concrètes et des expériences partagées. Derrière chaque projet réussi, il y a ceux qui connaissent les deux cultures et savent comment les relier. C’est ce qui fait la force de notre relation.
Ces dernières années, le volume des échanges commerciaux a augmenté et atteint environ 500 millions de dollars par an. Les entreprises tchèques sont présentes dans les secteurs de la santé, des transports, de l’eau et de la défense. Ces projets ont un caractère mutuel et profitent aux deux parties.
Chaque année, la Tunisie accueille près de 150 000 touristes tchèques qui viennent profiter de la mer, du désert et de l’histoire. Lorsqu’ils rentrent dans leur pays, beaucoup d’entre eux ne ramènent pas seulement des souvenirs, mais aussi un sentiment de respect et de compréhension.
Aujourd’hui, les institutions tunisiennes travaillent activement pour élargir l’offre touristique au-delà des séjours en bord de mer. Je salue les efforts visant à attirer les visiteurs tchèques dans les régions intérieures – au sud du Sahara, dans les montagnes, auprès des communautés traditionnelles. Un tel voyage laissera une marque plus profonde que le classique « tout compris ». Lancement d’une liaison aérienne directe entre Prague et Tunis permettrait de renforcer cette nouvelle dynamique.
Nous avons également beaucoup à offrir dans le cadre de nos relations mutuelles. Notre pays offre des opportunités variées aux étudiants, chercheurs et entrepreneurs tunisiens et nous pouvons voir que leur intérêt pour ces opportunités grandit de plus en plus.
Ma visite en Tunisie n’est pas seulement un événement formel. J’y vois l’occasion d’envisager nos relations sous un jour nouveau, comme un pont qui nous relie à l’avenir. Un pont construit par des personnes et des actions concrètes.