Le mégaprojet touristique Costa Coralis, qui vise à transformer la région de Tabarka dans le nord-ouest de la Tunisie, est au cœur d’une impatience croissante. Après des études de faisabilité menées par des cabinets réputés comme Deloitte, et plusieurs approbations préliminaires, son lancement est toujours freiné par des blocages administratifs. Cette frustration, mise en lumière par l’agence italienne Nova, est largement partagée par les investisseurs locaux.
Un projet lancé en 2016, porté par Haifa HDI
Imaginé en décembre 2016, Costa Coralis est le fruit d’une initiative collective d’investisseurs locaux et régionaux réunis au sein de la société Haifa for Development and Investment (Haifa HDI), créée spécifiquement pour gérer ce mégaprojet touristique intégré dans le gouvernorat de Jendouba. Le projet s’étend sur 140 hectares de terrains appartenant à l’État, qui doivent être transférés à l’Agence Foncière Touristique avant toute opération de construction.
« De nombreuses entités sont impliquées », précise Saadallah Khalfaoui, membre du conseil d’administration de Haifa HDI, soulignant la complexité administrative. En effet, l’approbation finale du projet dépend du feu vert de plusieurs ministères — Infrastructures, Environnement, Domaines de l’État et Affaires territoriales — rendant le processus long et laborieux.
Multiples freins ralentissent le démarrage
Au-delà de la multiplicité des acteurs institutionnels, plusieurs raisons expliquent ces retards :
- Contraintes environnementales : la région de Tabarka, riche en biodiversité et partiellement protégée, nécessite des études d’impact strictes et l’application de normes environnementales rigoureuses.
- Cadre réglementaire complexe : les règles encadrant l’aménagement touristique sur des terrains publics impliquent une coordination délicate entre différentes agences étatiques.
- Procédures foncières longues : le transfert des terrains de l’État vers l’Agence Foncière Touristique fait l’objet de démarches juridiques lourdes, sensibles dans le contexte tunisien.
- Contexte post-révolutionnaire : depuis 2011, l’incertitude économique et politique ralentit parfois les grandes opérations d’investissement, notamment dans des régions périphériques.
Malgré ces obstacles, l’intérêt des investisseurs demeure fort. Plusieurs grandes entreprises ont déjà signé des lettres d’intention. Selon Deloitte, le projet pourrait générer plus de 12 000 emplois, un levier majeur pour le développement économique de Tabarka, du gouvernorat de Jendouba et du pays.
Tabarka face au défi du tourisme saisonnier
Tabarka, ville historique et riche en patrimoine, connaît un tourisme principalement saisonnier. Avec moins de 5 000 lits hôteliers disponibles — alors que 10 000 seraient nécessaires pour attirer les grands voyagistes internationaux — la région peine à capter une clientèle étrangère stable. L’aéroport local, avec des vols limités à la haute saison, reflète aussi ce manque d’attractivité.
Pour maintenir la dynamique, Haifa HDI a lancé un « mini-projet » privé sur 7 hectares, près de l’hôtel La Cigale. Doté d’un capital d’environ 5,5 milliards de dinars (1,62 milliard d’euros), il comprend un hôtel, des espaces commerciaux et culturels, des salles de conférence et un cinéma. Ce projet vise à animer la zone touristique toute l’année, en attendant la validation de Costa Coralis.
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